Bernard Hild, comment avez-vous vécu votre confinement au niveau de votre pratique artistique ?

Bernard Hild est un artiste multidisciplinaire de Mont Saint-Martin (France) né en 1942. Il a débuté comme photographe. Sa première exposition de photographies remonte à 1970. Vingt ans plus tard, il est passé du N&B à la couleur. Ce changement est marqué par l’arrivée de la peinture dans sa vie. Dès les années 1990, on le reconnaît comme photographe et comme peintre lorrain. Au fil des années, son nom s’est retrouvé dans des centaines d’expositions, du Japon au Canada, en passant par l’Europe et l’Amérique du Sud. Outre la photographie et la peinture, il s’intéresse également au collage et aux techniques mixtes, toutefois son médium de prédilection reste la photographie. Bernard Hild, toujours à la recherche de l’image parfaite, l’oeil vif, sait reconnaître le détail qui fait vibrer la corde sensible des amateurs d’art. C’est avant tout un homme de partage: partage de plaisir, partage d’émotion, partage de passion. Son besoin de s’exprimer le pousse à travailler sur ce qui lui plaît vraiment, sans se soucier des « modes » artistiques du moment.

Photographie de Bernard Hild

Son confinement, il l’a vécu assez paisiblement. «J’ai senti venir cette décision de confinement. Je m’étais donc préparé». Comme tant d’autres artistes en arts visuels, il a vu la quasi totalité de ses expositions s’annuler les unes après les autres. Son agenda a été chamboulé du jour au lendemain. Il s’est retrouvé soudainement avec beaucoup de temps libre, chose qu’il n’avait pas avant l’arrivée de la pandémie. «J’en ai profité pour travailler dans mes espaces verts», raconte-t-il en entrevue. Il a sorti la chaise longue pour observer les oiseaux, il a fait de la généalogie (une autre de ses passions), il a fait du tri et du rangement dans ses photos… et il a créé. «J’avais envie depuis un moment de photographier de la fumée». Il a donc expérimenté divers matériaux pendant plusieurs jours. «J’ai fait de multiples essais en extérieur». Après plusieurs échecs, il a essayé en intérieur, cherchant la perfection de l’effet à immortaliser sur fond noir. «Il y a eu divers essais pour arriver à une belle photo de fumée bleutée sortant d’un verre», explique-t-il. Les efforts et la patience ont été récompensés. Il a fait la photo qu’il voulait sans utiliser aucun effet spécial issu d’un logiciel. L’artiste aime ce qui est naturel.

De sa chaise longue, il a aussi observé les oiseaux qui avaient pris possession des nichoirs et des nids. «J’y ai observé plusieurs espèces qui étaient nouvelles dans mon univers. J’en ai été étonné». Bien sûr, l’homme de partage a voulu transposer ces instants de contemplation en images. Il a donc essayé de prendre des photographies, mais n’étant pas outillé pour ce genre de prises de vues, il lui a fallu trouver une solution. «Je n’avais qu’un objectif de 200mm de focale, alors qu’il en fallait un de 400 voire 500mm ou plus. Il a fallu que je sois au plus près de ces passereaux. J’ai donc installé un transat où passaient ces volatiles. Je ne devais surtout pas bouger, oeil sur le viseur, j’ai attendu souvent longtemps… très longtemps». Et puis, clic, l’oiseau était dans la boîte. «J’ai eu quelques belles prises». Le chasseur d’images a considéré ces instants comme un répit dans sa vie généralement occupée par les très nombreuses séances de photographie qu’il fait avec des modèles seules ou en couple.

Photographie de Bernard Hild

Il a eu, aussi, cette réunion, avant le confinement, avec la directrice de la Médiathèque intercommunale du bassin de Longwy et de son équipe culturelle. Elle avait pris rendez-vous avec moi pour me proposer d’exposer mes photos des mines, de la ligne Maginot, etc… Pour changer de ce qui se fait habituellement de manière récurrente pendant les Journées du patrimoine.

Le photographe, très sollicité, avait donc accepté de présenter une série de photographies liées au patrimoine lorrain en sous-sol dans une exposition personnelle. A l’aube du déconfinement en France, il attendait avec impatience une nouvelle réunion pour en fixer définitivement les modalités.

«En conclusion, je n’ai pas vu le temps passer». Lors de cette entrevue, au début du mois de juin, Bernard Hild était prêt à reprendre ses séances de photo avec ses modèles. Tout comme lui, «elles attendent ça avec impatience». Pour l’artiste photographe, les jours de beau temps allaient revenir bientôt. Ce confinement de deux mois lui aura permis de prendre du temps pour nourrir ses diverses passions et pour se recentrer sur ce qui compte vraiment. Comme on le dit souvent, après la pluie vient le beau temps. Dans le cas présent, après le répit revient l’activité. La vie doit continuer.

BERNARD HILD SUR INTERNET: son dossier d’artiste

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