Présentation de l’artiste

Lina Bélisle (nom d’artiste BEL) est née à Montréal en 1962. D’aussi loin qu’elle se souvienne, elle a toujours aimé les formes et les couleurs. La créativité s’est installée dans sa vie, d’abord avec le dessin, puis, par la suite, avec les travaux pratiques de ses cours d’arts plastiques. La géométrie a souvent été un merveilleux point de départ pour transformer et créer de nouvelles formes. Malheureusement, son milieu familial n’étant pas favorable à une éclosion artistique, elle n’a pas su exploiter et développer cette formidable richesse de création qu’il y avait en elle. En 1989, alors qu’elle a 27 ans, elle s’installe à Québec. Elle fait un retour aux études. En l’an 2000, elle obtient un DEP (Diplôme d’Études Professionnelles) en secrétariat. Avec détermination, elle continue sur sa lancée. Elle poursuit avec des cours en gérontologie à l’Université Laval en 2002. En 2005, BEL s’intéresse brièvement à la photographie, mais son médium de prédilection est décidément la peinture. En septembre 2012, lorsque son fils Léo entre au primaire, BEL se remet sérieusement à l’art. Alors autodidacte, elle recherche et expérimente à travers les formes et les couleurs – deux éléments importants qui ont toujours été très présents dans sa vie. En 2014, elle décide de suivre des cours de peinture à l’huile avec une artiste québécoise établie et commence à exposer son travail. En 2015, elle rejoint le Collectif International d’Artistes ArtZoom (CIAAZ) dans le but d’accéder à un autre niveau dans sa jeune carrière d’artiste professionnelle. Aujourd’hui, BEL présente son travail dans des expositions collectives dans plusieurs régions du Québec et dans des expositions internationales. L’artiste qui sommeillait en elle s’est enfin réveillée à la liberté de créer sans contrainte. En décembre 2018, elle débute des expositions au niveau international, notamment en France. En 2019, elle fait une série d’expositions en Europe, notamment un trio à Longwy (en France) dans lequel elle représente le Québec. En mai 2019, elle reçoit une reconnaissance internationale en tant qu’artiste peintre pour avoir participé à ces nombreuses expositions à l’étranger. Elle poursuit ses expositions en France, notamment au Musée d’art contemporain VR3D où quelques-unes de ses oeuvres font partie de la collection permanente. En 2022, elle fait partie de ces quelques artistes qui participent au troisième volet de la recherche sociologique sur les effets de la pandémique dans la pratique artistique.

1) Pour réinventer un marché de l’art à l’ère post-COVID, à quoi doit-on renoncer? À quoi doit-on s’accrocher à tout prix ?

L’artiste ne pense pas qu’il faille renoncer à quoi que ce soit. «Après ce long confinement, les gens seront heureux de sortir dans les galeries d’art.» Selon elle, les gens ont économisé pendant la pandémie du fait de s’être privés de sorties et de divertissements. Néanmoins, l’artiste considère les expositions en ligne et/ou virtuelles comme une solution autant pour les amateurs d’art qui peuvent élargir leurs horizons que pour les artistes qui bénéficient d’un outil formidable pour augmenter leur visibilité. «Il y a tellement d’artistes au Québec, tellement de talents!» Réinventer un marché de l’art revient à parler des conditions de vie de l’artiste. «Pour ma part, je crois que la compétition est très forte pour se démarquer. Je vise le long terme et la reconnaissance au niveau international. Je souhaite que ma cote reflète vraiment ma valeur (sur le marché).» Les artistes en général doivent augmenter leur visibilité par tous les moyens. «Avec toutes les dépenses que l’artiste doit faire face: frais d’inscription, entretien d’un site web, frais de poste, matériel d’artiste, etc. Les frais sont de plus en plus importants. Pour être connu et reconnu, il faut une bonne visibilité et une présence stable sur le marché… et cela a un prix!» Pour réinventer un marché de l’art à l’ère post-COVID, il faudra d’abord diminuer les coûts pour les rendre acceptables. L’inflation a touché toutes les strates de la société; les artistes n’y ont pas échappé. Avant même de commencer à vendre des oeuvres et à avoir des revenus, il y a tout un tas de dépenses auxquelles sont soumises les artistes en arts visuels. L’ère post-COVID devra apporter des solutions pour améliorer la qualité de vie des artistes. «Même si plusieurs artistes ne vivent pas de leur art, il faut tout de même ne pas être trop perdant. Il y a beaucoup de sacrifice. Il faut être un grand passionné et être vraiment déterminé pour s’accrocher… et surtout y croire.» En effet, à l’ère post-COVID, seuls les artistes déterminés subsisteront. La COVID aura eu à l’usure, hélas, un bon nombre d’artistes.

2) Quels sont les défis et enjeux auxquels font face actuellement les artistes professionnels en arts visuels et quels seront-ils à l’ère post-COVID ?

«Le coût de la vie qui ne cesse d’augmenter est un défi en lui-même, juste pour les déplacements d’un symposium à l’autre, l’essence, l’hébergement, la restauration, l’inscription, etc.» C’est sûrement le plus grand défi auquel fait face l’artiste professionnel au Québec qui veut se faire connaître dans une autre région par le biais du réseau des symposiums, festivals et salons artistiques. «Ce sont les organisateurs de symposiums qui font de l’argent avec les frais d’inscription. Même si l’artiste vend quelques toiles, ce n’est pas assez (pour rentrer dans ses frais).» Les ventes en ligne ne sont pas non plus la solution-miracle pour éviter de payer des frais. «Encore là, il faudra prendre en compte les frais d’emballage, le temps pour le faire, les frais d’envoi, etc. Et tout le temps de gestion que cela demande aussi.» Un temps de «manutention» qu’il serait préférable de mettre dans la production. Le temps de production est également un défi de taille quand on a une vie de famille. A l’ère post-COVID, ce défi restera car l’aide, de type subvention, est difficile à obtenir. Encore là, le temps de monter un dossier de demande est trop important pour être envisagé par certains artistes. La complexité des formulaires n’aide pas, sans compter que les subventions qui existent ne répondent pas toujours bien aux projets qui pourraient être proposés. Ces subventions semblent destinées à une catégorie bien précise d’artistes en arts visuels.

3) Pour survivre à court, moyen et long termes, l’artiste doit-il/elle miser sur le développement de son public ou le développement de son art ?

«Je crois que l’artiste doit développer autant son public que son art», répond l’artiste qui a vu que les gens aiment suivre les artistes sur les réseaux sociaux. «Il faut y mettre du temps, pour cela aussi. Il faut investir en temps et en argent pour une plus grande visibilité. Notre art est un produit, un produit qu’il faut mettre en marché.» La survie à court, moyen et long termes de l’artiste passe par le développement de son art. «Pour ma part, j’espère faire évoluer mon art en étant créative, quitte à prendre des risques.» L’artiste qui n’aime pas la routine est prête à sortir de sa zone de confort pour être créative et innovante. «Il y a des clients qui aiment un artiste et qui reviennent pour l’acheter. Certains d’entre eux veulent quelque chose de différent. Je sais que certains artistes ont une clientèle bien à eux, mais le nombre de toiles vendues ne détermine pas le talent d’un artiste.» Il faut également une bonne discipline pour survivre. «Ne pas attendre l’inspiration. Il faut travailler, travailler. Le succès est le fruit du travail, même dans le domaine des arts. Il faut s’investir à fond, y mettre beaucoup de temps et d’énergie… et surtout ne pas se comparer aux autres. Avoir son propre style est un avantage.» L’artiste qui aspire à créer son propre style inimitable souhaite être unique en son genre. «Je crois aussi qu’il est bon de chercher conseils auprès de professionnels, ce qui aide à avoir une bonne stratégie.» Selon l’artiste, s’il n’est pas nécessaire en début de carrière de chercher à tout montrer et à tout vendre, l’évolution dans le style, la maîtrise dans la technique, feront que la vente deviendra inévitable. «Je regarde ce que je faisais en 2015 versus ce que j’ai fait en 2021, cela me fait sourire.» Pour se démarquer, tirer son épingle du jeu, il faut aussi se donner le temps de développer une certaine maturité. «Pour ma part, je cherche un succès sur le long terme. Tout le monde devra s’adapter après la pandémie. Nous entendons déjà dire qu’il faudra apprendre à vivre avec la COVID, ce qui veut dire que ce sera encore plus difficile pour plusieurs artistes. Il y a malheureusement des artistes de grand talent qui n’auront pas les moyens d’investir pour augmenter leur visibilité car c’est une réalité (du marché): il faut payer et payer pour se faire connaître. Même les artistes qui ont les moyens, cela restera dispendieux.» L’artiste fait la comparaison à des vacances dans le Sud. Certains n’en prendront pas car ils auront mis tout leur argent dans leur art.

SUR INTERNET
www.artzoom.org/bel

Oeuvre de BEL

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Chronique estivale 2022
présentée sur HEART, Au Coeur de l’art – magazine des arts
www.magazinedesarts.com

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