Présentation de l’artiste
Originaire de la ville de Québec, Jean Potvin est né en 1947. Il a longtemps mené une double carrière avant de devenir artiste à plein temps en 2002. Il a débuté la peinture en 1972. Il s’est fait connaître notamment par ses huiles, ses acryliques et par ses oeuvres réalisées en techniques mixtes.Très actif dans le monde l’art, Jean Potvin est membre de la Société Artistique de Charlesbourg (SAC) de 1981 à 2003. Il est aussi fondateur et vice-président de la Société Artistique et Culturelle de Québec (SACQ) de 1993 à 1998. De 1997 à 2000, il devient administrateur au Club culturel Québec Métropolitain (CCQM). De 2001 à 2003, il est membre du comité de l’Exposium des Arts de la Société Artistique de Charlesbourg (SAC). De 2003 à 2006, il est membre de l’Association des Créateurs et Artisans de Sillery (ACAS). Il poursuit sa carrière, en 2004 et en 2005, en tant que professeur de peinture et médiums mixtes au Centre des Loisirs St-Sacrement à Québec, puis en 2008-2009, il devient membre du Mouvement d’Animation Artistique de Cap-Rouge (MAA). En 2007, 2008 et 2009, il est président de la Société artistique et culturelle de Québec (SACQ). En 2007, 2008 et 2009, ses oeuvres sont sélectionnées par un jury pour faire partie des Prix en Arts et sont acquises par la Société du Patrimoine de Saint-Anselme. De 2009 à 2011, il est à nouveau professeur de peinture et médiums mixtes mais, au Carrefour du plateau à Québec, cette fois-ci. Finalement, il est président des Ateliers Ouverts de 2010 à 2013. Depuis 2020, l’une de ses oeuvres fait partie de la collection permanente de la Maison Louis Fréchette. L’arrondissement Beauport possède également deux de ses oeuvres dans leur collection permanente. Jean Potvin est aujourd’hui membre actif de la Federation of Canadian Artists à Vancouver (FCA), membre à vie de la Société Artistique et Culturelle de Québec (SACQ) et membre professionnel du Collectif International d’Artistes ArtZoom (CIAAZ). Depuis 2021, il est membre de la Société de Mise en Valeur de la Maison O’Neill. Pour l’artiste, l’oeuvre satisfait généralement un besoin fondamental et impératif: celui de communiquer, en tout premier lieu. Les gens, les lieux, les objets, les croyances ou les pensées qui meublent le quotidien de l’artiste révèlent un instant particulier, marqués du sceau de l’art. Jean Potvin travaille en espérant que le public partage l’un de ses moments précieux où une émotion a fait naître une oeuvre. L’artiste essaie de guider le spectateur dans sa recherche de « l’autre côté de l’image » qu’il voit. Cet « autre côté de l’image » doit être autre chose qu’une couleur, qu’un personnage ou qu’un objet simplement représenté. L’art doit être un tout qui raconte une histoire que chacun peut s’approprier. Jean Potvin est un artiste incontournable et est considéré par certains comme un pionnier dans le développement de l’art au Québec. En 2020, 2021 et 2022, il fait partie de ces quelques artistes professionnels qui participent à une étude sociologique ayant trait aux effets de la pandémie au niveau de la pratique artistique chez les artistes en arts visuels.
1) Pour réinventer un marché de l’art à l’ère post-COVID, à quoi doit-on renoncer? À quoi doit-on s’accrocher à tout prix ?
«Si nous considérons particulièrement le marché de la région de Québec, dans les deux dernières années (2020 et 2021), la majorité des galeries d’art ont trouvé la vie dure.» Bien que le marché a continué d’opérer bon gré mal gré, il y a eu une baisse considérable de la clientèle, notamment due aux fermetures ponctuelles liées aux mesures sanitaires et à la fermeture des frontières. La clientèle touristique – une manne pour certaines galeries du Vieux-Québec – n’était pas au rendez-vous pendant la pandémie. «Il ne faut pas oublier qu’à Québec et dans la région, c’est la clientèle touristique qui visite le plus les galeries et non les résidents.» Selon l’artiste, les dernières années ont fragilisé le circuit touristique culturel. «C’est facile à constater lorsqu’on fréquente régulièrement les galeries survivantes de la région en se retrouvant seul dans la galerie. On remarque aussi que les oeuvres sur les cimaises ne changent pas tellement.» L’artiste, connu pour être quelqu’un d’engagé socialement, ne mâche pas ses mots. «Nous devons simplement renoncer à continuer de nous faire accroire que la belle époque reviendra, cette époque durant laquelle il était possible de vendre assez régulièrement des oeuvres en étant artiste permanent d’une galerie.» L’artiste évoque que tout a changé et ce, même avant la pandémie. «Plusieurs galeristes mentionnent que d’anciens clients qui venaient régulièrement acheter viennent maintenant demander de mettre leurs oeuvres (de collection) en consignation dans le but de récupérer ce qu’ils considéraient comme un placement.»
L’artiste considère que l’adaptation est une meilleure solution que le renoncement. «Il faut s’adapter nécessairement à la technologie et aux médias numériques actuels pour la publicité. A titre d’exemple, Facebook, qui est sans nul doute le réseau social le plus populaire que le web ait connu a, actuellement, plus de 2,5 milliards d’abonnés dans le monde.» L’artiste a constaté qu’il était plus facile et plus efficace d’utiliser Internet pour la publicité et la vente qu’être dans une galerie d’art ayant pignon sur rue. «Il est maintenant plus fréquent d’effectuer des ventes en passant par les différents médias électroniques. Je conserve cependant certains doutes sur la capacité des gens à réellement évaluer la qualité d’une oeuvre en la voyant simplement sur un ordinateur ou sur une tablette afin de l’acquérir. Peu importe, l’art et l’artisanat se vendent relativement bien par Internet.»
2) Quels sont les défis et enjeux auxquels font face actuellement les artistes professionnels en arts visuels et quels seront-ils à l’ère post-COVID ?
Pour l’artiste, les défis et les enjeux étaient, sont et demeureront les mêmes. «Et ils sont de taille!» Selon lui, tout joue en défaveur des artistes en arts visuels. «A Québec, par exemple, la ville avait déjà commencé à détruire des acquis, il y a quelques années, bien avant la pandémie. La ville de Québec avec ses ignares en poste dans son propre réseau municipal a détruit la vie artistique pourtant foisonnante en fermant ses galeries très fréquentées, telles que: la salle Jean Paul-Lemieux à Beauport, la Galerie de la Visitation à Sainte-Foy, la Maison Blanchette à Cap-Rouge, et en enlevant ou en diminuant le mur dédié aux arts visuels dans plusieurs de ses bibliothèques.» Une longue liste s’ajoute à ses suppressions: le Centre d’interprétation historique de Sainte-Foy, l’Îlot des palais, la Maison des Jésuites, la Maison Dorion-Coulombe, la Maison Girardin, la Maison Hamel-Bruneau, la Villa-Bagatelle qui présentent des artistes privilégiés ou décédés. «(Ces lieux) pourraient faire beaucoup plus en offrant un peu de leurs murs pour promouvoir le travail des nombreux artistes professionnels de Québec et de la région. Même une autre entité importante de Québec, le Grand Théâtre, lieu pourtant dédié à la culture, a préféré transformer sa galerie des arts visuels pour en faire un bar pour abreuver sa clientèle pseudo-cultivée.»
Il est vrai que les lieux de diffusion de qualité qui permettaient, naguère, de présenter des artistes, se sont réduits comme peau de chagrin au fil des années. Les artistes sont maintenant parfois contraints d’exposer un peu n’importe où, dans des endroits pas vraiment dédiés à mettre en valeur leurs oeuvres, pour attirer l’attention d’un public plus qu’improbablement amateur d’art. «De plus, dans les différents commerces tels que: Walmart, Ameublement Tanguay, Ikea, Wayfair, Galerie du meuble, Zip International, etc., il se vend des reproductions, des barbouillages, des giclées et autres merdes en centaine d’exemplaires pour une clientèle sans culture, désirant un tableau pas cher et jetable dont les couleurs correspondent avec celles du couvre-lit de la chambre ou aux rideaux du salon.» Il y a donc un enjeu dans la «culture générale», un enjeu auquel personne ne pense lors de programmes électoraux. L’ère post-COVID ne sera pas différente de celle d’avant la pandémie. Le manque de culture général – et donc, de l’appréciation artistique du public pour une oeuvre artistique – restera le même et sera sans doute amplifié par le phénomène technologique et du bon-beau-pas-cher-qui-ne-vaut-vraiment-pas-cher. L’artiste regrette l’utilisation des logiciels sur le marché qui récupèrent les images, les modifient et les impriment. Le manque de connaissance au niveau des droits d’auteur et de la notion de propriété intellectuelle est un autre défi auquel font face les artistes d’aujourd’hui et de demain. «Et que dire des logiciels qui dessinent à la place de leur propriétaire sans talent!» Dans les différents enjeux d’importance, il y a également le nombre considérable de gens qui s’improvisent artistes et qui nuisent au marché de l’art alors que les artistes professionnels qui ont une longue feuille de route derrière eux luttent pour survivre.
3) Pour survivre à court, moyen et long termes, l’artiste doit-il/elle miser sur le développement de son public ou le développement de son art ?
«Créer est un besoin pour l’artiste.» En partant de cette affirmation, il est normal de penser que la survie de l’artiste dépend de sa capacité à créer, à exposer et à vendre ses oeuvres. «Pour survivre à court, moyen et long termes, il ne faut pas se le cacher, l’artiste doit, en premier lieu, créer pour se faire plaisir, pour s’exprimer. Ensuite, il doit développer un public qui peut, et qui doit, apprécier ses oeuvres uniques.» Selon lui, l’artiste ne doit faire aucun compromis dans le but de plaire. «(Il doit) créer sans essayer de se conformer à un marché mercantilisme rapportant tout à une question de gain et de bénéfice de son oeuvre.» Pour l’artiste, c’est une question d’intégrité artistique. Créer dans le but de plaire n’est pas de la création, c’est de la décoration. L’art est plus profond qu’une simple palette de couleurs qui s’agence bien au décor intérieur d’une pièce meublée.
Selon l’artiste, pour survivre, un artiste en arts visuels doit s’attendre à tout faire par lui-même, y compris la vente. Pour ne donner qu’un exemple, un artiste permanent d’une galerie, ou qui travaille avec un agent, pour vivre décemment, doit vendre un minimum de 100 000 dollars par année, puisqu’il devra payer une commission (parfois jusqu’à 60 % en cas de vente à un galeriste) et des honoraires pour son agent. «Cessons de croire, ou de laisser croire, qu’au Québec, il y a un grand nombre d’artistes en arts visuels qui vivent de leur art. C’est faux. Il ne faut pas se laisser berner par ceux, sans preuve, qui disent vivre exclusivement de leur art, sans un travail secondaire, sans un(e) conjoint(e) apportant un revenu d’appoint, sans bourse ou subvention, sans pension suite à des années d’un travail, en parallèle d’une vie de création.»
SUR INTERNET
www.artzoom.org/jeanpotvin
Chronique estivale 2022
présentée sur HEART, Au Coeur de l’art – magazine des arts
www.magazinedesarts.com