Présentation de l’artiste
Céline Roger est née à Montréal en 1970 et a grandi à Sainte-Julie-de-Verchères. Elle a toujours eu un intérêt pour l’art. Elle a été sensible à l’art très tôt dans son enfance, notamment par ses grands-parents, du côté maternel, qui collectionnaient les peintures. Elle passait d’innombrables heures à admirer leurs oeuvres. Le théâtre, le ballet, la musique, la peinture, la sculpture, etc. forment sa jeunesse. Son père l’initie également aux visites des musées. Du côté paternel, plusieurs membres de sa famille peignent. Son arrière grand-père est Urbain Carli, sculpteur statuaire. Pétrie d’histoires de famille, que son père lui raconte, elle sait dès l’âge de sept ans qu’elle deviendra un jour une artiste peintre. De 1980 à 1982, elle suit des cours d’émail sur cuivre avec Francine Leroux. Au secondaire, elle s’initie à la photographie, au théâtre, aux arts plastiques et à la musique qui lui vaut une mention d’excellence en arts en 1982 et en 1983. Pendant ses études, elle suit des cours en théâtre, fait quelques représentations et joue de la musique. Au Cégep Edouard Montpetit, elle fait des études en lettres avant de changer pour marketing et science humaine. En 1998, peu après la naissance de son fils Denis, lors d’une visite chez ses parents à Matane, son père lui apprend les rudiments de la peinture. Elle réalise sa première toile. Quelques années plus tard, en 2003, presque par hasard, elle rencontre un artiste peintre qui parle de sa passion avec fougue. C’est l’élément déclencheur : Céline Roger se remet à la peinture et elle est incapable de laisser sa toile. Il ne lui en faut pas plus : elle s’inscrit à des cours. Elle débute par le dessin à l’atelier Artlequin de Sainte-Julie et poursuit, en 2004, avec un cours de peinture. Elle fait la connaissance de Serge Babeux (IAF) et de celui qui devient par la suite son mentor, André van Melle, un artiste d’origine belge. Elle débute les expositions au Canada en 2004. Après des années de cours et d’expérimentation, elle laisse sa carrière en finance derrière elle pour se consacrer exclusivement à cette passion, la peinture, devenue son métier à temps plein.
1) Pour réinventer un marché de l’art à l’ère post-COVID, à quoi doit-on renoncer? À quoi doit-on s’accrocher à tout prix ?
Pour Céline Roger, il est encore trop tôt pour renoncer définitivement à certaines choses. «Doit-on vraiment renoncer à quelque chose? Je me questionne, en fait. Je crois que l’on doit nuancer ces termes et surtout faire preuve, aujourd’hui, de flexibilité. L’unique chose à laquelle nous devons renoncer, c’est à tout ce que nous avons connu avant la pandémie.» L’artiste explique en entrevue qu’il faut tirer la quintessence de chaque chose, de chaque évènement, qui se produit. «Pour ma part, j’étais très puriste avant la pandémie. J’avais une ligne de pensée en tant qu’artiste et je ne désirais pas en déroger. La COVID m’a fait grandement cheminer en tant qu’humain et artiste, m’amenant à me questionner sur le chemin que j’empruntais et m’a surtout amenée à me renouveler. Je suis beaucoup plus ouverte qu’avant.»
Le pénurie des fournitures artistiques à certains moments de la pandémie, l’annulation des activités ou des expositions prévues en 2020 et 2021, la fermeture (parfois définitive) de certains lieux de diffusion, etc. ont poussé l’artiste à se questionner sur ses activités futures. «Ces événements ont permis de m’accrocher sur cette phrase que nous avons tellement entendue au cours de ces dernières années: «Ça va bien aller». La stabilité qui m’accompagnait tous les jours a disparu, laissant place à une incertitude. (…) Cependant, cette incertitude a apporté beaucoup de belles opportunités, de nouveautés et m’a permis de me redécouvrir.»
A sa manière toute personnelle, Céline Roger a restructuré son environnement de travail et a redéfini ses conditions de travail. Elle a revu ses priorités et ses besoins en tant qu’artiste et enseignante d’art. Elle s’est adaptée pour subsister. «Pour réinventer un marché de l’art, il faut tout simplement renoncer à cette stabilité qui la définissait depuis de nombreuses années et réussir à s’accrocher aux changements, petits ou grands, afin de créer un marché dynamique, encore plus intéressant qu’il ne l’était avant la pandémie, afin de nous permettre de mettre en lumière l’art quel qu’il soit!»
2) Quels sont les défis et enjeux auxquels font face actuellement les artistes professionnels en arts visuels et quels seront-ils à l’ère post-COVID ?
«L’un des défis majeurs est l’imprévisibilité», explique Céline Roger. Il n’est certes pas évident de prévoir l’avenir et de voir ce que le mois prochain ou la saison nous réserve. «Le monde est en constante adaptation due à la situation pandémique que nous avons connue et qui se poursuit. Les événements artistiques s’annoncent un peu plus à la dernière minute (entre 3 et 6 mois à l’avance versus plus d’un an à l’avance avant la pandémie).» Plusieurs expositions prévues en 2020 et 2021 ont été reportées en 2022 et 2023. Des organismes n’osent voir plus loin dans leur programmation, échaudés par l’imprévisibilité des vagues covidiennes et des mesures sanitaires des deux dernières années. Certains symposiums de juin hésitaient encore, il n’y a pas si longtemps, à annuler leurs activités. Les artistes se tenaient dans l’incertitude d’y participer jusqu’en mai. Les organisateurs sont prudents car les frais de publicité sont parfois importants. Ils s’engagent avec réserve, tout en ne sachant pas si une vague scélérate balaiera ou non l’évènement, à la dernière minute. La stabilité et la certitudes appartiennent à une autre époque.
«C’est ce constant changement qui se trouve être un défi pour tous!» A cela s’ajoutent les problèmes de production et d’approvisionnement de matériel artistique. Ce sont des enjeux auxquels font face les artistes en arts visuels depuis le mois de mars 2020. «Toutefois, cela a eu un effet bénéfique sur mon art et ma créativité. Cela a permis de réfléchir sur les produits que j’utilisais. Je tente d’utiliser des produits que je pourrais éventuellement recycler en les utilisant sur d’autres créations. Par exemple, lorsque je termine une toile et que celle-ci me plaît moins, je tente de trouver des éléments qui me permettront de l’améliorer afin d’atteindre mon niveau de satisfaction, plutôt que de la jeter, comme je pouvais le faire avant.»
L’artiste explique que l’un des enjeux est de reformer les habitudes de sorties culturelles de l’avant-pandémie. Il faudra certainement «redonner l’habitude aux gens de sortir de chez eux et de découvrir l’art dans les symposiums, les musées et lors d’événements artistiques. Petit à petit, le tout reprendra un rythme normal, mais je crois que cela se fera graduellement.» L’utilisation du web a pris une place importante dans la vie des gens ces dernières années. Les amateurs et les collectionneurs d’art n’y ont pas échappé. Ceci dit, rien ne rivalisera jamais avec l’expérience vécue quand on se tient devant une oeuvre originale.
3) Pour survivre à court, moyen et long termes, l’artiste doit-il/elle miser sur le développement de son public ou le développement de son art ?
Selon Céline Roger, c’est «définitivement le public! Même si, selon moi, l’un ne va pas sans l’autre!»
Pour l’artiste, le développement du public et le développement de l’art d’un artiste ont une importance capitale pour ce dernier. «Le public joue un rôle primordial dans la survie de celui-ci. L’artiste doit comprendre son public, ses attentes et être là où ce dernier se situe.» Bien que la pandémie ait permis à certains artistes de se renouveler et de s’ouvrir au monde par le biais du web et de la technologie à leur portée, les artistes doivent néanmoins être à l’écoute de leur public afin de le captiver. «Mais attention! Il n’est pas question ici que l’artiste dénature son art pour plaire à son public! Il doit seulement apprendre à danser avec celui-ci (…) Puis, tout naturellement, l’artiste développera et perfectionnera son art au fil des années, ce qui lui permettra alors de conquérir une nouvelle clientèle. Un artiste évoluera toute sa vie… Sans évolution de sa part, sa survie sera très difficile sur le moyen et le long termes.»
SUR INTERNET
www.celineroger.com
www.artzoom.org/celineroger
Chronique estivale 2022
présentée sur HEART, Au Coeur de l’art – magazine des arts
www.magazinedesarts.com