Présentation de l’artiste

Martin Gaudreault est né à Roberval en 1959. Il a fait des études en Art et technologie des médias au CÉGEP de Jonquière avant d’étudier en Développement économique (spécialité en revitalisation de centre-ville) à la faculté d’architecture de l’Université Laval à Québec, où il a obtenu un Baccalauréat en 1993. Il a poursuivi à l’Université de Sherbrooke en Intervention andragogique en 1996, puis en Administration à l’Université TÉLUQ en 1997. Il a enseigné le démarrage d’entreprise au Cégep de Saint-Félicien avant d’être enseignant en formation professionnelle à la Commission scolaire du Pays des Bleuets et au Centre des services aux entreprises dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. En 2012, il devient membre de la Canadian Association for Photographic Art. Cinq ans plus tard, il obtient une médaille d’argent de l’Académie des Arts, Sciences, Lettres de Paris qui reconnaît la qualité de son travail. En 2017, il devient membre de la Mondial Art Academia avec qui, l’année suivante, il obtient le Prix international des professionnels en art et une Médaille d’Argent. Dans la même foulée, il a obtenu le titre de Chevalier académique auprès de la Mondial Art Academia et est nommé Délégué à la photographie pour la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. En 2018, il est le premier photographe a être admis à l’Académie internationale des beaux-arts du Québec (AIBAQ) et devient membre de la Société des Artistes Canadiens (SAC). En 2019, il devient membre professionnel du Collectif International d’Artistes ArtZoom (CIAAZ). En juin 2019, il est intronisé à titre de Membre de l’Ordre du Bleuet pour les Arts et la Culture, une reconnaissance qui met en lumière son rayonnement sur les scènes artistiques et culturelles du Canada et d’Europe. Par la diversité de ses publications, son travail a été diffusé dans une soixantaine de pays jusqu’à ce jour.

1) Pour réinventer un marché de l’art à l’ère post-COVID, à quoi doit-on renoncer? À quoi doit-on s’accrocher à tout prix ? 

Bien que l’ère post-covid n’est pas exactement pour aujourd’hui, mais pour un demain hypothétique, il est tout de même permis d’extrapoler un peu notre futur. L’artiste photographe Martin Gaudreault fait d’abord une distinction entre «vivre avec» et «omposer avec» la COVID-19.

«Cette distinction permet de mieux saisir les enjeux face à cette pandémie. Vivre avec laisse supposer un relâchement, du moins dans mon interprétation, tandis que composer avec, permet, à mon humble avis, de mieux vivre avec les conditions sanitaires nécessaires et ainsi continuer d’évoluer en tant qu’être humain. Mais, loin de moi, l’idée d’en faire un débat sémantique.»

Ceci étant dit, pour réinventer un marché de l’art à l’ère actuelle en attendant la véritable ère post-COVID, «en tant qu’artiste, il faut plutôt s’adapter à ces conditions sanitaires plutôt que d’y renoncer. Pour avoir participé à plusieurs expositions internationales au cours des dernières années, j’ai constaté une véritable explosion de galeries virtuelles. Elles ont permis de diversifier l’offre d’exposition en plus de diminuer considérablement les frais inhérents à la tenue d’une exposition en présentiel. Certains diront que rien ne vaut la présence de l’artiste pour vendre ses oeuvres et sa démarche artistique, mais le virtuel force l’artiste à adapter sa présence via, par exemple, de courts vidéos le présentant. Avec cette pandémie, il faut aussi se questionner si le public est à l’aise avec les rassemblements. Les personnes âgées, qui forment la majorité des visiteurs de symposiums, sont-ils à l’aise de se retrouver dans une salle fermée alors que le virus circule toujours?», fait remarquer l’artiste.

Selon Martin Gaudreault, le temps permettra un certain rétablissement du marché, notamment des symposiums, biennales, expositions et foires internationales, salons internationaux d’art contemporain, etc. Or, en attendant, l’artiste se questionne sur les marchés actuellement en développement. «À ce propos, il y a un certain constat dans les encans des grandes maisons (Christie’s, Sotheby’s). Il a été démontré que les milléniaux avaient découvert les arts au cours de cette période covidienne. Y aurait-il des marchés à explorer de ce côté sur une plus petite échelle?» C’est un sujet que l’artiste suit de très près.

«Tous les acteurs artistiques sans exception doivent s’accrocher. La production artistique sous toutes ses formes ne peut être que bénéfique pour le genre humain. (…) Les artistes doivent se solidariser et poursuivre la production et le développement des marchés. Par exemple, les vernissages en présentiel ne pourraient-ils pas se faire virtuellement? J’ai participé à quelques vernissages virtuels, notamment avec une Galerie de Los Angeles, et le concept mérite de s’y attarder. À chaque occasion, il y avait environ une centaine de spectateurs! À mon humble avis, si nous constatons des changements dans la pratique médicale (comme les rendez-vous virtuels avec un médecin) (…), le monde artistique devrait s’accrocher à ces nouvelles réalités.»

L’artiste met le doigt sur une pratique qui, naguère, n’existait pas et qui s’est plus amplement démocratisée avec l’arrivée de la COVID-19. Les mesures restrictives liées à la pandémie ont ouvert les possibilités auxquelles le public n’aurait jamais songé en temps normal. Le nombre d’institutions artistiques, dont les musées, ont eu recours aux expositions en ligne, sinon à la réalité virtuelle, une fine alternative aux confinements et aux fermetures impromptues des établissements à vocation culturelle. Avec la technologie qui ne cesse d’évoluer et de s’adapter aux réalités du marché, il est désormais possible de participer à des ventes publiques (des enchères) en ligne, en direct, comme si on y était physiquement – ce qui aurait été impensable, il y a quelques années!

2) Quels sont les défis et enjeux auxquels font face actuellement les artistes professionnels en arts visuels et quels seront-ils à l’ère post-COVID ?

Pour l’artiste, les activités à distance, comme les vernissages virtuels, ne remplaceront jamais l’expérience unique d’être en présence des oeuvres physiques. «Peu importe le niveau de connaissance du monde des arts, l’expérience vécue dans une exposition ou dans un spectacle demeure un baume psychologique majeur pour l’être humain. Par ailleurs, n’oublions pas que nous jouons un rôle sociétal dans notre communauté, car nous sommes souvent des porte-paroles d’injustices sociales et des précurseurs de mouvements sociaux importants. À l’ère des influenceurs éphémères, les artistes, par leur art, ont de l’influence permanente à moyen et long termes et sont de véritables vecteurs de changements sociaux.» Or, malheureusement, «la pandémie a eu raison de plusieurs artistes : manque de travail, fermeture de galeries, arrêt des expositions, etc. Un jour, (…) nous serons en post-pandémie ou en adaptation post-pandémique. Je crois sincèrement que les artistes doivent s’attaquer dès maintenant à un repositionnement quant à la diffusion de l’art. Parmi les défis, il y a l’adaptation au marché numérique de l’art (notamment les expos virtuelles). (…) Les productions virtuelles et les vidéos artistiques seront nécessaires et deviendront un incontournable comme l’ont été les symposiums.»

Comme autres défis à relever, Martin Gaudreault mentionne l’arrivée des NFT (non-fungible token) dans le monde de l’art et du métavers. Si le premier est une donnée stockée et authentifiée grâce à un protocole de chaîne de blocs (blockchain), le second terme est beaucoup moins hermétique. Il consiste en un univers parallèle qui se visite avec un casque de réalité virtuelle. Un monde virtuel dans lequel les interactions sociales sont possibles. Ces deux nouveaux joueurs dans ce monde numérique artistique sont appelés à prendre de plus en plus d’espace dans nos vies.

«Les NFT, (…) cette nouvelle réalité numérique est parmi les nouvelles manières émergentes de vendre son art. Le Métavers de Facebook est un autre défi. Que l’on soit d’accord ou non avec les stratégies des GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Alibaba et Microsoft) nous avons le choix d’être des témoins passifs, d’évaluer les possibilités et, le cas échéant, d’y souscrire. Si on peut acheter des terrains et construire des villes virtuelles, il y aura assurément des endroits qui auront besoin d’art afin d’embellir ces âmes numériques.»

3) Pour survivre à court, moyen et long termes, l’artiste doit-il/elle miser sur le développement de son public ou le développement de son art ?

«Que l’on soit en situation de pandémie, de crise économique ou autres, afin d’assurer sa survie à court, moyen et long termes, l’artiste doit pouvoir faire les deux; produire et développer son marché.»

L’artiste utilise le diagramme de Pareto pour représenter l’importance de différentes causes d’un phénomène qui permet de mettre en évidence les causes les plus importantes sur le nombre total d’effet et ainsi de prendre des mesures ciblées pour améliorer une situation. «Selon moi, le principe de Pareto peut donner une ligne quant au chemin à suivre. Produire à 20 % et faire la mise en marché 80 % du temps. Évidemment, ceci demande du temps et va exiger de mettre de côté la production à temps plein.» Il est vrai que le côté de mise en marché est une activité très administrative qui s’inscrit dans des stratégies du marketing de positionnement de marchés. C’est un travail souvent rébarbatif pour l’artiste. Or, selon Martin Gaudreault, «les artistes sont aussi des entrepreneurs et doivent avoir la pensée entrepreneuriale afin de vendre leur art. J’ai moi-même adopté cette façon de faire depuis plusieurs années, tout en étant conscient que le temps consacré à ces démarches n’était pas suffisant. Maintenant que le moment de la retraite est arrivée, je me suis mis au service de mon art.»

Sans s’étendre sur le sujet de l’importance du marketing en étant artiste, le photographe a constaté que développer son marché, cibler sa clientèle, demande de l’énergie, de la patience, de la rigueur, de l’argent et, surtout de la constance. Il faut avoir une détermination sans faille pour percer un marché aussi vaste et variant que celui de l’art visuel.

«Malgré tous les contextes, les imprévus, les revirements inattendus, les repositionnements, l’art est là pour poursuivre sa mission de rendre le monde meilleur. Après tout, si l’Art est source de vie, s’il est l’esprit du progrès, s’il donne à l’âme le plus précieux des biens, je veux contribuer, à la mesure de mes capacités humaines à cette amélioration de notre humanité. Tel est là mon souhait le plus sincère!»

SUR INTERNET
www.martingaudreault.com
www.artzoom.org/martingaudreault

Photographie de Martin Gaudreault

Photographie de Martin Gaudreault

Chronique estivale 2022
présentée sur HEART, Au Coeur de l’art – magazine des arts
www.magazinedesarts.com

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