Comme je le disais dans mon troisième texte sur le sujet, « l’IA génère en images des idées (certaines sont très belles) et il y a beaucoup d’imagination chez les créateurs/créatrices. J’espère que certaines idées vont retenir l’attention afin de changer notre perception du monde. Comme dans bien d’autres domaines, tout n’est pas juste blanc ou noir. » Depuis plusieurs mois, j’expérimente l’art par l’IA pour bien cerner le sujet et c’est un sujet de plus en plus passionnant. Au début, j’avais une idée préconçue de la peinture générée par l’IA. Je ne m’imaginais pas quel monde vaste il pouvait s’agir en réalité. C’est l’expérience qui m’a fait changer d’avis.

L’AI ART est un monde de gens créatifs. J’ai trouvé qu’il avait beaucoup de points en commun avec le monde artistique traditionnel des arts visuels. Ces personnes qui font de l’AI ART cherchent des sujets, expérimentent leur « technique », visualisent le rendu, l’expriment en mots, l’ajustent avec d’autres mots pour coller au plus près de leur idée d’origine. Ils échouent. Ils recommencent. Ils jettent à la poubelle leurs réalisations ratées. Ils repartent de leur idée première. Ils recommencent le processus créatif jusqu’au résultat satisfaisant, assez bon en tout cas pour l’exposer au public international. Ces « artistes » nouveau genre partagent leurs créations, participent à des concours internationaux dont le jury est constitué d’autres artistes comme eux, gagnent des prix, reçoivent les appréciations (commentaires et critiques). Ils répondent à tous les critères qui font d’eux des artistes (comme l’entend la Loi sur le statut de l’artiste professionnel en arts visuels du Canada).

Les artistes en AI ART ont de multiples influences artistiques (et, mine de rien, pour avoir une influence artistique, il faut avoir une culture artistique). Certains sont issus du milieu des jeux vidéos, d’autres tirent leurs influences des mangas japonais. On retrouve de la science-fiction à la Star Wars, bien sûr, mais aussi de petits bijoux plus subtils de la pop culture surréaliste où tous les clichés et les archétypes sont méticuleusement déconstruits pour être ré-assemblés différemment. Il y a également beaucoup d’humour ce qui fait qu’on s’attache à cette communauté, à ces créateurs/trices qu’on suit et qui nous suivent, avec qui ont discute parfois pour dire « Wow. Beau travail ! » On félicite la personne derrière l’IA qui a chuchoté à son oreille un « prompt » (des mots-clés des éléments qui vont construire l’oeuvre et le sens à donner à ces éléments pour construire l’image désirée). On ne félicite pas l’outil qui a rendu possible cette image, mais bien la personne qui est à la source de l’image finale. C’est comme féliciter un photographe pour son travail (et non son appareil photo)… ou encore, l’artiste numérique qui a fait une image avec un stylet dans un logiciel. Ça ne nous viendrait pas à l’idée de féliciter le stylet et/ou le logiciel.

L’AI ART est une discipline à part entière – je l’ai appris. J’ai surtout appris qu’il fallait du talent pour réussir une image. Il fallait connaître des règles académiques de composition de l’image. Il fallait trouver les bons mots (donc avoir une certaine richesse de vocabulaire), parce qu’il y a une différence entre « belle » image et « mirobolante » image. J’ai vu des oeuvres où les personnages représentés avaient des émotions (ce qui est plutôt difficile à rendre pour une intelligence artificielle non dirigée par un être humain). Certains images font rêver et nous montre ce que l’homme serait capable de réaliser s’il en avait la volonté et les moyens financiers. Au lieu de faire la guerre, il aurait pu créer un paradis terrestre. Au lieu de se servir le dieu de l’argent, l’humain aurait pu choisir de créer un monde plus près de la nature, en harmonie avec elle et développer des énergies qui la respectent. Nous pourrions vivre dans un monde génial. Je le sais car j’ai vu des images de ce qu’aurait pu être ce monde.

Il y a beaucoup de bonnes idées à mettre en place, mais sommes-nous prêts à construire le monde de demain, le monde du futur, le monde qui a un avenir, ou sommes-nous plutôt prêts à le faire exploser (ou l’imploser par la bêtise humaine) ? Pendant que certains pensent à comment s’en sortir, d’autres pensent à comment nous ensevelir. Les politiciens auraient intérêt à écouter parfois ces jeunes créateurs qui ont de belles idées pour la survie de notre monde. Ce sont peut-être de grands bâtisseurs ou de futurs Prix Nobel de la Paix, qui sait ?

 

Crédits: Oeuvres générées par l’IA, commissionnées par HeleneCaroline Fournier, inspirée par la science-fiction

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