Comme je le disais dans mon cinquième texte sur le sujet, « L’IA ne m’a pas fait championne de l’image intelligente, mais elle m’a montré que tout était possible et que l’image valait souvent plus que mille mots.» Dans cette recherche qui se poursuit depuis octobre 2023, je me suis intéressée aux messages véhiculés derrière les images. On crée rarement des sujets qui sont loin de nous, sauf quand il s’agit de concours thématiques qui nous sortent de notre zone de confort. Je me suis intéressée à l’image parfaite, ces éléments qu’on peut retrouver dans une image générée qui feront que l’image sera appréciée d’un très grand nombre de personnes en une fraction de seconde. Je me suis intéressée à de grandes questions existentielles, telles que: «Qu’est-ce que cela m’a apporté en tant que personne humaine de créer des milliers d’images avec l’intelligence artificielle ? En quoi l’IA peut servir à aider les artistes en arts visuels dans leur pratique artistique ? Où débute et où s’arrête la propriété intellectuelle et le droit d’auteur dans ce type d’images générées par l’IA ? Pourquoi autant de gens rêvent d’endroits merveilleux loin de la Terre ? Pourquoi tant de gens créent des images d’un monde meilleur?», etc.
En tant que théoricienne de l’art, l’herméneutique (de l’art) m’a beaucoup aidée à comprendre qu’on crée ce que nous sommes, qu’une part de nous est fondamentalement rêveur et idéaliste. On cherche à visualiser une idée ou une image de notre idéal pour s’y projeter et, peut-être, le rendre plus concrète. Bien que cela semble paradoxal avec ce que l’on vit actuellement dans le monde, la plupart des humains rêve de paix autour d’eux. Les nouvelles mondiales n’offrent aucun répit. Elles sont terriblement anxiogènes. Pour connaître une tranquillité d’esprit, ce n’est pas du côté des médias qu’il faut se tourner. Pour trouver un coin d’espoir, une parcelle de rêve, une paix intérieure, il faut les créer soi-même. Bon nombre d’accros de l’image générée sont sur ces plateformes pour une thérapie du mieux-être voire du bien-être. L’agréable est addictif car il contribue à sécréter de la dopamine et d’autres hormones du bonheur. Ces gens (peu importe leur pays origine, leur milieu, leur couleur, leur langue, leur culture, leur religion, leur orientation, leur genre, leur âge, leur profession, leur niveau d’étude, etc.) ont intégré tout naturellement cette très vaste communauté internationale ouverte d’esprit, qui fait rêver, qui aime créer. Ces gens se retrouvent ensemble autour d’un idéal qui leur est propre et qui est également commun. Ils ont choisi de vivre dans un monde meilleur pour tous (beaucoup plus courtois que Facebook ou X). Il y a beaucoup d’humanité dans ce milieu de l’intelligence artificielle.
Ma recherche s’est approfondie et continue de s’approfondir. Je n’en ferai jamais le tour. Les idées fusent et se diffusent à une vitesse folle entre centaines de millions d’individus. Certaines idées réalisables vont probablement retenir l’attention pour se concrétiser dans la vie réelle. Si seulement 1% des bonnes idées pour sauver la planète (et ce monde au bord de l’explosion) se concrétisaient dans le monde réel, ce serait un bond formidable en avant pour l’humanité toute entière. Ceux qui pensent que l’IA va tuer la peinture traditionnelle ont tort car l’art numérique (ces images réalisées sur l’ordi, sur tablette dans un logiciel ou une application) est entré dans les arts visuels dans la catégorie «art numérique». L’IA sera simplement une autre catégorie et s’inclura dans les arts visuels. Les peintres ne sont pas forcément des artistes numériques (comme les infographistes) et les artistes numériques ne sont pas forcément des peintres au sens traditionnel du terme. Il en sera de même pour les «AI artists», ils ne seront pas forcément des artistes numériques ni forcément des artistes peintres… tout comme les photographes numériques ne sont pas forcément des photographes traditionnels qui ont appris à développer dans une chambre noire (mais l’un n’exclut pas l’autre). Le talent n’est pas lié essentiellement à un médium ou à une technique précise. Les arts visuels sont assez vastes pour ne pas exclure personne. C’est d’ailleurs ce qui fait toute sa richesse artistique. L’IA est un outil d’aide, un outil de création. L’IA peut être thérapeutique, comme n’importe quelle technique artistique. L’IA est beaucoup de choses, mais elle n’est pas une menace. S’il y a un manque d’éthique qui entoure l’IA, c’est que certaines personnes (derrière l’IA) en manquent tout simplement.
Crédits: Oeuvres générées par l’IA, commissionnées par HeleneCaroline Fournier