L’Essence de l’urban sketching

Le « urban sketching » (croquis urbain en français) est une pratique artistique qui consiste à dessiner des scènes de la vie quotidienne en milieu urbain, souvent en extérieur et sur le vif. Cette discipline valorise l’observation directe et la spontanéité, en capturant l’essence des lieux, des gens, et des moments dans un carnet de croquis.

Bien que le « urban sketching » soit une pratique assez libre, il existe certaines règles ou principes que les membres de la communauté suivent pour guider leur pratique. Ces règles sont principalement promues par Urban Sketchers (USK) qui est une communauté mondiale de dessinateurs amateurs et professionnels qui valorise la pratique du dessin in situ d’après l’observation de la vie urbaine et quotidienne.

Voici les règles principales de l’Urban Sketching :

1. Dessiner sur le vif : Les croquis doivent être réalisés sur place, en observant directement la scène, plutôt que d’après des photos ou d’autres références. Le dessin en plein air permet de capter l’atmosphère et les détails spécifiques du lieu.

2. Capter le moment : L’idée est de capturer le moment présent, l’essence de l’endroit, la vie qui s’y déroule. Cela signifie souvent dessiner rapidement pour saisir un instant précis.

3. Raconter une histoire : Les croquis urbains ne se contentent pas de représenter une scène, ils racontent une histoire, transmettent des impressions et des émotions liées au lieu.

4. Être authentique : Les croquis doivent refléter la propre vision de l’artiste et sa façon personnelle de voir le monde. Il n’est pas nécessaire de chercher la perfection technique, mais plutôt de transmettre une expression sincère.

5. Partager son travail : Une composante importante de la communauté Urban Sketchers est le partage des œuvres. Les artistes sont encouragés à partager leurs croquis en ligne (sur les réseaux sociaux, les blogs ou les forums) et à participer à des rencontres ou des événements avec d’autres dessinateurs urbains.

6. Inclure des informations contextuelles : Les croquis urbains peuvent inclure des notes, des légendes, des anecdotes ou des réflexions écrites pour enrichir l’image avec un contexte supplémentaire.

7. Utiliser une variété de supports : Bien que les carnets de croquis et les crayons ou stylos soient les outils de base, les artistes sont libres d’expérimenter avec d’autres matériaux comme l’aquarelle, les marqueurs, l’encre, ou même des techniques mixtes.

8. Être respectueux : Lorsqu’on dessine en public, il est important de respecter les personnes et les lieux. Il est également essentiel d’être conscient de l’espace qu’on occupe et de ne pas gêner les autres.

9. Adopter la diversité : Les croquis urbains peuvent se faire n’importe où et sur n’importe quel sujet, que ce soit un bâtiment, une rue animée, un parc tranquille, ou une scène de marché. La diversité des sujets est encouragée.

10. Participer à la communauté : Urban Sketchers est une communauté internationale et la participation à des groupes locaux, des événements ou des symposiums permet de se connecter avec d’autres dessinateurs urbains, d’échanger des idées et de s’inspirer mutuellement.

Ces règles servent de guide pour les artistes qui souhaitent pratiquer l’ « urban sketching », tout en laissant une grande liberté d’expression. Le plus important est de s’amuser, d’explorer, et de capturer l’essence des lieux que l’on dessine.

Le pleinairisme ou la peinture en plein air

Il existe une pratique similaire à l’urban sketching pour la peinture marine ou les scènes marines, connue sous le nom de pleinairisme ou peinture en plein air. Bien que cette pratique ne se limite pas exclusivement aux scènes marines, elle est souvent utilisée par les peintres marins pour capturer directement les paysages côtiers, les marines et les scènes maritimes.

1. Principe Fondamental :
La peinture en plein air consiste à peindre directement à l’extérieur, sur le site même où le sujet se trouve. Les artistes transportent leur matériel sur place et travaillent dans des conditions naturelles, ce qui leur permet de capter l’atmosphère, la lumière, les couleurs et les textures de manière authentique.

2. Contexte Historique :
Cette pratique est très ancienne et remonte à l’époque des impressionnistes, qui ont révolutionné l’art en sortant des ateliers pour peindre directement dans la nature. Des artistes comme Claude Monet, Winslow Homer, et J.M.W. Turner ont souvent utilisé cette approche pour créer leurs œuvres marines et paysages côtiers.

3. Les scènes marines :
Pour les artistes spécialisés dans les scènes marines, la peinture en plein air est particulièrement adaptée. Elle permet de capturer les effets éphémères de la lumière sur l’eau, les variations atmosphériques, le mouvement des vagues, et les nuances subtiles des couleurs de la mer.

4. L’Équipement :
Comme pour l’urban sketching, le pleinairisme nécessite un équipement portable : chevalet de campagne, palette de peinture (souvent des aquarelles ou autre peinture comme la gouache), toiles ou panneaux préparés, pinceaux, et autres accessoires. En fonction de l’emplacement, il est aussi essentiel de prévoir des vêtements adaptés au climat, des protections contre le soleil ou le vent, et un endroit où poser son matériel en toute sécurité.

5. Technique et Expression :
La peinture en plein air encourage une expression spontanée et une réponse immédiate à l’environnement. Les artistes doivent souvent travailler rapidement pour capturer les conditions changeantes, en se concentrant sur l’essentiel. Cela donne lieu à des œuvres dynamiques et vivantes.

6. La Communauté :
À l’instar des Urban Sketchers, il existe de multiples communautés d’artistes qui pratiquent la peinture en plein air. Ils se retrouvent pour des séances collectives, des ateliers ou des événements dédiés. Des concours de peinture en plein air sont également organisés dans de nombreuses régions côtières, célébrant la beauté des paysages marins.

7. L’Inspiration et l’Étude :
Peindre sur le vif permet à l’artiste d’approfondir son observation et sa compréhension des éléments naturels. C’est une manière d’affiner son regard sur le monde maritime, d’étudier les effets de la lumière et des conditions météorologiques, et de traduire ces observations sur la toile ou sur le papier.

La peinture en plein air, le pleinairisme, est une pratique largement utilisée par les peintres marins et les artistes qui cherchent à capturer la beauté et la complexité des scènes marines dans leur environnement naturel. C’est une approche immersive qui, comme l’urban sketching, valorise l’observation directe et l’expression personnelle, tout en permettant une connexion profonde avec le sujet.

Le carnet de croquis ou de dessin

Pour l’urban sketching et le pleinairisme, la taille du carnet de croquis dépend principalement des préférences personnelles de l’artiste, de son style de travail et de la portabilité qu’il souhaite. Cependant, certaines tailles de carnets sont couramment privilégiées dans ces pratiques en raison de leur facilité d’utilisation sur le terrain.

Pour l’urban sketching :

1. A5 (148 x 210 mm) (environ 6 x 8 pouces):
Le format A5 est très populaire parmi les urban sketchers. Il est suffisamment compact pour être transporté facilement dans un sac, tout en offrant assez d’espace pour réaliser des croquis détaillés.

2. A6 (105 x 148 mm) (environ 4 x 6 pouces):
Encore plus petit que l’A5, le format A6 est ultra-portable et pratique pour les croquis rapides. Il est idéal pour les artistes qui aiment travailler sur de petites surfaces ou qui souhaitent capturer des scènes en quelques coups de pinceau ou de crayon.

3. A4 (210 x 297 mm) (environ 8 x 12 pouces):
Bien que moins portable, le format A4 est préféré par certains urban sketchers qui veulent plus d’espace pour réaliser des croquis plus détaillés ou des compositions complexes. Il nécessite cependant un sac plus grand pour le transporter.

Ceci dit plusieurs grandes marques de papier proposent des dimensions différentes.

Pour le pleinairisme :

1. A5 (148 x 210 mm) (environ 6 x 8 pouces):
Le format A5 est également couramment utilisé en pleinairisme pour les mêmes raisons qu’en urban sketching : il est pratique et facilement transportable, tout en offrant une surface de travail décente.

2. A4 (210 x 297 mm) (environ 8 x 12 pouces):
Le format A4 est souvent utilisé pour la peinture en plein air, surtout si l’artiste souhaite capturer des paysages avec plus de détails ou s’il préfère travailler avec des outils plus larges comme des pinceaux. Il offre plus de flexibilité en termes de composition et de détail.

3. 178 x 254 mm (environ 7 x 10 pouces) :
Cette taille légèrement plus petite qu’un A4 est également populaire parmi les peintres de plein air. Elle offre une bonne surface de travail tout en restant relativement portable.

Fabriano, Strathmore, Canson, etc., proposent aux artistes des carnets et des blocs de papier pour une grande variété de médiums avec un vaste éventail de formats. Il y en a vraiment pour tous les goûts.

Le choix d’un carnet de dessin repose néanmoins sur trois facteurs:

1. Le fait d’être portable : Si vous souhaitez emporter votre carnet partout avec vous, privilégiez des formats plus petits comme le A6 ou le A5.

2. La surface de travail : Pour des compositions plus grandes ou plus détaillées, les formats A4 ou 18×24 cm sont plus adaptés.

3. Le médium utilisé : Si vous utilisez des techniques humides comme l’aquarelle ou la gouache, assurez-vous que le papier du carnet soit épais et adapté à ce type de médium (environ 200-300 g/m²).

Le format A5 est souvent le choix le plus polyvalent pour l’urban sketching et le pleinairisme en raison de sa taille équilibrée entre la facilité d’être transporté et l’espace de travail. Cependant, en fonction des besoins spécifiques de l’artiste, des formats plus petits ou plus grands peuvent également être utilisés.

Les outils de travail du dessinateur urbain ou du pleinairiste

Pour l’urban sketching et le pleinairisme, les artistes préfèrent des outils de travail qui sont portables, polyvalents et faciles à utiliser en extérieur.

Voici une suggestion d’outils les plus couramment privilégiés pour ces pratiques artistiques :

Pour l’Urban Sketching :

1. Carnet de croquis :
Un carnet de croquis est essentiel pour capturer les scènes urbaines. Comme mentionné précédemment, les formats A5, A6, ou A4 sont couramment utilisés. Le papier doit être suffisamment épais pour supporter divers médiums, comme les crayons, l’encre, l’aquarelle, la gouache, etc.

2. Crayons à papier (Graphite) :
Les crayons graphites (HB, 2B, 4B) sont idéaux pour les esquisses rapides et les dessins détaillés. Ils permettent de travailler les ombrages et les contrastes, mais il en existe une variété, allant du plus pâle (10H) au plus foncé (12B).

3. Stylos à encre (Fine-liners) :
Les stylos à encre waterproof (à l’épreuve de l’eau) sont populaires pour les contours nets et les détails précis. Les tailles de pointe varient de 0.03 mm, 0.05 mm à 0.8 mm, selon le niveau de détail souhaité. Les marques comme Sakura Pigma Micron et Uni Pin sont souvent utilisées, mais il en existe d’autres, comme les Steadtler.

4. Aquarelles portables :
Les boîtes d’aquarelles compactes (comme celles de Winsor & Newton) sont très prisées en urban sketching. Elles sont légères, faciles à transporter et permettent d’ajouter rapidement de la couleur aux dessins.

5. Pinceaux réservoir d’eau
(Water Brushes) :
Les pinceaux réservoirs d’eau sont pratiques car ils ne nécessitent pas de récipient d’eau séparé. Ils sont parfaits pour les lavis d’aquarelle en extérieur.

6. Feutres à alcool ou marqueurs
(comme les Copic) :
Les feutres à alcool sont appréciés pour leurs couleurs vives et leur capacité à se mélanger facilement. Ils sont souvent utilisés pour ajouter des touches de couleur ou pour créer des effets d’ombrage.

7. Crayons de couleur aquarellables :
Ces crayons peuvent être utilisés secs ou activés avec de l’eau pour créer des effets aquarellés. Ils sont particulièrement utiles pour ajouter des détails colorés.

8. Tubes de gouache :
La gouache peut être utilisée comme peinture ou en supplément à l’aquarelle car les deux médiums se mélangent bien. La gouache permet d’ajouter de la couleur à une scène.

9. Gomme mie de pain :
Cette gomme malléable permet d’effacer ou d’éclaircir des zones de dessin sans laisser de résidus.

10. Clip pour tenir les pages :
Un clip ou une pince est utile pour maintenir les pages du carnet en place, surtout par temps venteux.

Pour le pleinairisme :

1. Carnet de croquis ou bloc de papier :
Comme pour l’urban sketching, un carnet de croquis est essentiel, mais les artistes en plein air peuvent également préférer un bloc de papier à grain pour la peinture, surtout s’ils travaillent avec des médiums humides comme l’aquarelle ou la gouache.

2. Chevalet portable :
Un chevalet léger et portable est pratique pour les peintures plus grandes. Les modèles pliables sont faciles à transporter et à installer en extérieur.

3. Pinceaux de voyage :
Les pinceaux à manche court ou les pinceaux rétractables sont idéaux pour le pleinairisme. Les pinceaux en poils synthétiques ou naturels sont utilisés en fonction du médium choisi.

4. Boîte d’aquarelles ou gouaches :
Les artistes en plein air utilisent souvent des boîtes d’aquarelles ou de gouaches portables. Ces médiums sont faciles à transporter et à nettoyer. De plus, l’aquarelle et la gouache se marient bien entre elles.

5. Palette pliante ou palette jetable :
Une palette pliante en plastique ou des palettes jetables en papier sont pratiques pour mélanger les couleurs. Elles sont légères et peu encombrantes.

6. Chiffon, éponge ou serviette en papier :
Utilisés pour essuyer les pinceaux ou ajuster la quantité d’eau dans le médium, ces accessoires sont indispensables.

7. Récipient à eau pliable :
Un récipient pliable pour l’eau est utile pour les lavis d’aquarelle. Il est léger et prend peu de place lorsqu’il est rangé.

8. Feutres ou marqueurs :
Certains artistes pleinairistes utilisent des marqueurs ou feutres permanents pour les croquis rapides ou pour ajouter des détails avant de peindre.

9. Pinceau éventail (Fan Brush) :
Un pinceau éventail est utile pour les effets de texture, comme peindre des feuillages ou des effets de nuage dans les paysages.

10. Protection solaire et chaise portable :

En travaillant en extérieur, une chaise portable et de la crème solaire sont des éléments importants pour le confort et la sécurité. Certains vont jusqu’à prendre un parasol pour se protéger du soleil et une bouteille d’eau pour s’hydrater en cas de journées très chaudes. L’artiste doit penser à son installation et s’organiser pour être le plus confortable possible.

Pour l’urban sketching, les outils légers, portables et polyvalents sont essentiels, tandis que pour le pleinairisme, des équipements légèrement plus grands et adaptés à la peinture sont souvent privilégiés. Ce sont deux dynamiques différentes. Cependant, dans les deux cas, l’essentiel est de choisir des outils qui vous conviennent personnellement et qui vous permettent de capturer l’essence des scènes qui vous inspirent, que ce soit en milieu urbain ou en milieu naturel.

Deux facettes d’une même pratique

Pour les artistes peintres traditionnels, la plupart des œuvres prennent naissance dans la tranquillité de l’atelier, un espace familier et intime, propice à la réflexion et à la création. Cependant, il existe une autre approche de l’art, une méthode qui invite l’artiste à sortir de cet environnement clos pour se confronter à la richesse du monde extérieur. C’est l’essence même de l’urban sketching et du pleinairisme qui offre une myriade d’avantages non seulement pour enrichir le travail de l’artiste, mais aussi pour éveiller de nouvelles perspectives et nourrir son esprit créatif. Cet appel à sortir de l’atelier peut ouvrir la porte à de nouveaux horizons, tant visuels, émotionnels, qu’intellectuels, et en permettant à l’artiste de se redécouvrir à travers le monde qui l’entoure.

L’urban sketching et le pleinairisme partagent une essence commune : celle de capturer la beauté éphémère et l’énergie des scènes observées en direct. L’urban sketching se concentre sur la représentation des scènes de la vie quotidienne, au cœur des villes, des villages ou des environnements construits par l’homme. Il s’agit d’une documentation visuelle qui se veut spontanée, où l’artiste enregistre son environnement tel qu’il le perçoit dans l’instant du moment.

Le pleinairisme, quant à lui, est une tradition plus ancienne qui trouve ses racines dans le mouvement impressionniste. Cette pratique invite l’artiste à quitter l’atelier pour peindre des paysages en extérieur, face aux éléments. Que ce soit au bord d’une rivière, en forêt, dans un champ, ou face à l’océan, le pleinairisme offre une occasion unique de capter la lumière naturelle, les couleurs changeantes, et les textures que seule la nature peut offrir.

L’un des avantages les plus significatifs du fait de sortir de l’atelier pour dessiner ou peindre est la stimulation sensorielle accrue. Le fait de se retrouver en plein air, entouré de bruits, de mouvements, de jeux de lumière et de couleurs, nourrit l’imagination et permet de voir le monde sous un angle différent. Cette immersion dans le monde réel peut insuffler une nouvelle énergie à la pratique artistique, brisant la routine de l’atelier et renouvelant l’inspiration. La variété infinie des sujets, des atmosphères et des situations offertes par l’environnement extérieur devient alors une source inépuisable de défis créatifs car l’urban sketching et le pleinairisme ne sont pas seulement des techniques artistiques, mais aussi des expériences qui permettent une connexion plus profonde avec le monde qui nous entoure.

En sortant de l’atelier, l’artiste observe les détails du quotidien sous un nouveau jour et redécouvre la beauté des choses ordinaires. L’artiste devient ainsi un témoin privilégié du monde environnant, capturant des moments qui passeraient autrement inaperçus. Ces pratiques exigent une certaine spontanéité et une adaptabilité de la part de l’artiste. Contrairement au travail en atelier où chaque détail peut être perfectionné, l’artiste doit faire preuve de réactivité face à un environnement qui change constamment. La lumière évolue, les ombres se déplacent, les personnes et les éléments du décor peuvent apparaître ou disparaître à tout moment. Cela force l’artiste à simplifier son dessin et à saisir l’essence du sujet plutôt que de s’attarder sur les détails. Cette approche peut apporter un souffle de fraîcheur à la pratique artistique, en incitant l’artiste à travailler plus librement et à laisser place à l’expression spontanée.

Cette pratique encourage également l’introspection. En passant du temps à observer et à représenter le monde extérieur, l’artiste se retrouve face à lui-même, confronté à ses propres perceptions, émotions et réactions. Cette introspection peut mener à une meilleure compréhension de soi et de sa relation avec le monde, et par conséquent, à une expression artistique plus authentique et plus personnelle.

L’urban sketching et le pleinairisme offrent aux artistes une opportunité précieuse de sortir de leur zone de confort, de renouer avec le monde extérieur et de redécouvrir leur pratique artistique sous un nouvel angle ou une nouvelle approche.

Le carnet de voyage. Un pont vers de nouveaux horizons

Véritable laboratoire d’exploration, le carnet de voyage est bien plus qu’un simple recueil de souvenirs. C’est une passerelle vers l’essence de l’urban sketching et de la peinture pleinairiste. S’immerger dans la pratique du carnet de voyage permet non seulement de capturer des moments éphémères, mais aussi d’affiner son regard, de développer son style personnel et de se connecter profondément avec son environnement. Le carnet de voyage est un support intemporel qui peut transformer et enrichir la pratique artistique.

Un carnet de voyage a pour vocation de devenir le reflet intime du parcours de son créateur. Il n’est pas simplement une collection de croquis, de notes ou de souvenirs, mais bien une œuvre artistique en soi, où chaque page raconte une histoire et est le reflet d’une expérience vécue. Le carnet de voyage permet de:

Capturer l’instant présent, documenter le processus créatif, créer une mémoire visuelle et exprimer ses émotions.
De plus, le carnet est un espace où l’artiste peut expérimenter des médiums, tester des compositions dynamiques, des couleurs, des effets de textures, etc. L’artiste témoigne de l’évolution de l’œuvre et de la réflexion qui l’accompagne. En croquant sur le vif, l’artiste renforce sa capacité d’observation, développe sa mémoire visuelle et aiguise son sens du détail. Chaque dessin, chaque annotation devient un souvenir. Finalement, le carnet de voyage n’est pas neutre. Il est imprégné des émotions de l’artiste face aux lieux, aux personnes rencontrées et aux moments vécus. Chaque page révèle une facette de l’état d’esprit et de l’état d’âme de l’artiste lors de son périple.

Le carnet de voyage offre de nombreux avantages, tant sur le plan artistique que personnel. Contrairement aux œuvres destinées à être exposées, le carnet de voyage a peu de contraintes. L’artiste peut y être spontané, explorer de nouvelles idées, et se laisser aller à l’improvisation. Cette liberté nourrit la créativité et peut déboucher sur des œuvres plus abouties par la suite.

De par sa taille, le carnet de voyage est portable. Cette accessibilité encourage l’artiste à dessiner régulièrement, à saisir les moments fugaces du quotidien. Tenir un carnet de voyage, c’est aussi s’ouvrir au monde. C’est un moyen d’appréhender différemment son environnement, de cultiver une curiosité sans limites et de tisser un lien plus profond avec les lieux visités. Finalement, le carnet de voyage permet de s’exercer en conditions réelles, d’améliorer son coup de pinceau ou de crayon, et d’expérimenter de nouvelles techniques.

Pour tirer le meilleur parti de votre carnet de voyage, il faut :

1. Choisir un carnet adapté – c’est-à-dire: choisir un papier épais et texturé qui supporte aussi bien les crayons que l’aquarelle, la gouache ou l’encre. Un format qui soit assez grand pour s’exprimer librement, mais suffisamment compact pour être transporté facilement.

2. Être spontané – c’est-à-dire: ne pas chercher la perfection à chaque page, mais se laisser aller aux imperfections, aux hésitations et aux surprises du moment.

3. Varier les techniques – c’est-à-dire: alterner les croquis rapides et les dessins détaillés, les notes écrites et les collages, les peintures aquarellées et les traits à l’encre. Cette diversité donnera du rythme à votre carnet.

4. Documenter votre expérience – c’est-à-dire: noter les impressions, les anecdotes, les dialogues entendus au coin d’une rue. Ces éléments textuels enrichissent visuellement le carnet et le rendent plus personnel.

5. Prendre le temps d’observer – c’est-à-dire: prendre un moment, avant de dessiner, pour observer ce qui vous entoure. Cette observation attentive se traduira dans vos croquis.

Le carnet de voyage a une longue histoire qui remonte à plusieurs siècles. Il est intimement lié à l’histoire des explorations et des découvertes. Dès le 15e siècle, les navigateurs et les explorateurs européens utilisaient des carnets pour documenter leurs voyages, y consignant à la fois des cartes, des croquis et des notes sur les peuples et les paysages rencontrés.
Au 18e siècle, avec l’essor du Grand Tour, le voyage initiatique des jeunes aristocrates européens, le carnet de voyage devient un outil artistique. Les artistes, comme Turner ou Delacroix, emportaient des carnets lors de leurs périples pour capturer les paysages et les scènes qui les inspiraient. Ces carnets étaient souvent la première étape dans la création d’œuvres plus abouties.

Aujourd’hui, le carnet de voyage a connu un renouveau avec l’urban sketching, ce mouvement mondial qui incite les artistes à dessiner sur le vif et à partager leurs œuvres. Ce retour à une pratique nomade et spontanée témoigne de l’attrait intemporel du carnet de voyage, à la fois support de création et outil d’exploration.

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