L’art lave notre âme de la poussière du quotidien – Pablo Picasso

 

Le plus haut dans l’art, ce n’est ni de faire rire, ni de faire pleurer, ni de nous mettre en rut ou en fureur, mais d’agir à la façon de la nature, c’est-à-dire de faire rêver. – Gustave Flaubert

Styvens est artiste peintre, professeur de dessin et de peinture, formateur en arts appliqués. Son travail s’articule autour de deux axes principaux: l’authenticité du paysage familier et les portraits de sages et de guerriers. Quant à SanCha, elle est artiste peintre, professeur de dessin et de peinture, art- thérapeute et sophrologue. Son travail est basé sur l’émotion, notamment dans les paysages et le portrait.

Ils ont deux ateliers, public et privé, un moyen et un grand. Si le moyen fait 30m2 et est réservé aux élèves, le plus grand fait 50m2 et convient bien aux artistes. Ces deux ateliers sont situés sur le terrain familial à Andouillé, une commune française dans les Pays de la Loire. Les artistes avouent néanmoins qu’une troisième dépendance, plus calme, serait vraiment la bienvenue pour réaliser, peut-être, de plus grands formats. Leurs ateliers actuels ont deux ambiances totalement différentes. « Chacun crée dans un lieu qui lui ressemble, où il se sent en accord (…) Il nous faut un mélange d’intimité et de transition avec l’espace privé. On essaie de faire corps avec l’aura du lieu pour se laisser porter par ses intuitions et pour parvenir à un lâcher prise créatif. »

Styvens peint également en extérieur où il s’imprègne de la nature. Son leitmotiv se trouve dans la retranscription d’un lieu pour en extraire son essence véritable. Avec le portrait, il retrouve le lien profond de l’humanité; il évoque par son art les rapports et les contradictions de l’humain avec la nature. SanCha se laisse porter par l’atmosphère douce et sereine du lieu où elle utilise ses outils de travail. Elle utilise le côté émotionnel pour faire retrouver la paix intérieure face à l’actualité qui peut facilement nous embourber l’esprit. Elle pratique donc l’art de la libération.

Leurs deux ateliers sont orientés de manière à recevoir la lumière du nord. « Les couleurs peuvent être tronquées avec une lumière artificielle. Nous nous adaptons pour créer sur des temps en journée, plus particulièrement l’après-midi et en soirée. » De grandes ouvertures fenêtrées permettent l’entrée de cette lumière particulière efficace à longueur d’année.

Le manque d’espace en atelier a une incidence directe sur le choix des formats que les artistes vont pratiquer et de la façon dont le geste va se poser. Il en va de même pour le stockage et pour la fixation de grands formats au mur. « Cela a une incidence sur les formats de toiles et sur l’énergie mise en scène sur la toile. SanCha aime particulièrement les projetés et se freine parfois pour ne pas maculer la pièce. » Le mouvement est moins libre qu’il pourrait l’être dans une grande pièce. Les deux lieux ont leur propre énergie expliquent Styvens et SanCha: « On pourrait dire, tout à la fois, entre l’atelier que l’on partage avec les élèves qui est sur le devant de la scène, visible de la rue et ouvert à une centaine d’élèves par semaine, qui se transforme parfois en lieu de création plus intime en tirant les rideaux noirs. L’atelier du fond, consacré essentiellement à notre propre création artistique, se transforme parfois en lieu d’exposition et en lieu festif. » Pour Styvens, les cours représentent plus de 15 heures par semaine, tandis que la création ne représente que 10 heures. Pour SanCha, également 15 h de cours par semaine, le travail artistique représente de 5 à 10 heures et d’une moyenne de 5 heures pour l’accompagnement en art-thérapie qui se fait individuellement ou en petit groupe. A certains moments de l’année, la productivité change radicalement et se transforme en une éruption impérieuse de créativité. « Nous nous laissons embarquer par la folie de la création quand nous sommes dans l’urgence, les veilles d’expositions; le dernier mois est en général très productif, les créations prolifiques. C’est comme une envolée, une création en entraîne une autre, c’est très grisant. » C’est toujours dans une atmosphère musicale et de bougies allumées que les artistes se mettent en phase de création. « Nous pratiquons également l’ancrage afin d’être présents à l’instant créatif. Vient parfois la différence quand nous sommes chacun dans un des ateliers sur la musique et les odeurs. Encens et musique forte pour Styvens, plutôt rythmée. Bois de Palo Santo et musique joyeuse ou douce pour SanCha. Nous sommes accompagnés parfois de pierres. » La tenue est décontractée car le confort a sa raison d’être.

Le travail créatif ne se déroule pas toujours forcément en atelier. Parfois le plein-air est appelé à le remplacer, avec une autre énergie. Parfois c’est une fresque dans un restaurant qui s’impose temporairement comme nouveau lieu de travail. Quoi qu’il en soit, le lieu doit leur correspondre pour créer en symbiose. L’environnement « doit nous correspondre pour créer en toute quiétude. Espace et luminosité sont pour nous essentiels ainsi qu’une bonne énergie. » Dans l’hypothèse où il serait question de travailler avec d’autres artistes dans un même lieu, le respect serait nécessaire. La bonne entente devrait être présente. « Nous travaillons en couple, soit seul sur notre toile ou en duo à quatre mains. Ce travail en duo est notre force, notre particularité. Cela nous permet d’avoir un œil extérieur, critique avec une sensibilité différente et, à la fois, complémentaire. Nous partageons nos expériences, nos doutes et nos jubilations artistiques. Cette symbiose se ressent également auprès de nos élèves avec qui nous partageons de jolis moments complices et créatifs. »

Depuis plusieurs années, les artistes peignent devant public. Au fil du temps, ils ont enchaîné les manifestations artistiques et les performances. Ils ouvrent leur atelier sur rendez-vous ou lors d’expositions ou, encore, lors de « vides atelier ». Déclarés professionnels depuis 2009, ils participent régulièrement à And’ART, une biennale dont ils sont en partie les fondateurs et à d’autres expositions régionales. Ils recherchent activement des partenaires financiers pour développer leur approche respectueuse de l’environnement, pour démocratiser la peinture artistique en atelier 100 % naturelle qui pourrait progressivement remplacer celle qui contient des métaux lourds et issue de la pétrochimie.

Pour les artistes Styvens et SanCha, leurs ateliers ne remplacent pas les galeries d’art pour la vente de leurs oeuvres. « La mise en valeur n’est pas la même, ils sont complémentaires. La galerie met en valeur le travail de l’artiste, le représente auprès des acheteurs. L’atelier est un lieu de création où l’on peut rencontrer l’artiste pour qu’il parle de son travail. Les galeristes mettent parfois également l’artiste au cœur de l’exposition lors de démonstrations, le lien doit être fluide et honnête afin que se crée l’osmose. »

Styvens et SanCha, c’est l’histoire d’un couple d’artistes qui ont chacun leur propre style qui s’harmonise dans leurs différences. Ils peignent en solo et/ou en duo. Leur rapport à l’art est multiple. Il invite à la réflexion et, donc, au questionnement. Ils procurent de l’émotion et du plaisir. Ils aident à mieux vivre en harmonie avec la nature.

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