Pour bien commencer le printemps, je vous présente une série de portraits d’artistes du Québec. Cette première présentation porte sur une femme qui a dédié sa vie à l’art.

Ginette Ash est née en 1951 à Rouyn-Noranda, elle vit aujourd’hui à Lévis. Dès son enfance, elle dessine et colore. Son intérêt pour la peinture à l’huile débute en voyant son père peindre et bricoler. Très tôt, à l’adolescence, son rêve est de devenir artiste peintre. Or, pour faire plaisir à ses parents qui souhaitaient une profession plus stable pour leur fille, elle choisit un autre métier; un compromis qui la garde toutefois près de l’art. Elle étudie d’abord en chant classique au Conservatoire de Trois-Rivières de 1973 à 1975, puis en arts plastiques à l’Université du Québec à Rouyn-Noranda (UQRN) et à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) de 1971 à 1975. Un baccalauréat en arts plastiques et en pédagogie en poche, elle devient alors enseignante en arts plastiques. En 1975, elle devient donc la première femme à enseigner au Collège de Lévis (établissement privé de niveau secondaire de garçons, tenu par des prêtres et des laïcs) puis, plus tard, en 2002, au Collège Mérici (établissement privé de niveau collégial) à Québec. Malgré son travail exigent, elle reste néanmoins très active sur la scène artistique québécoise. Passionnée par le design, parallèlement à son travail, elle fait des études en design d’intérieur aux Ateliers Imagine de Québec de 1991 à 1994. Tout en poursuivant l’enseignement à temps plein, elle ouvre un commerce de décoration intérieure et elle y travaille aux côtés de son époux de 1995 à 2007.

Après trente-quatre ans de bons et loyaux services en tant qu’enseignante en arts plastiques, elle prend sa retraite notamment à cause de problèmes de santé. En octobre 2009, elle réalise dès lors son rêve de toujours en devenant enfin artiste peintre à temps plein.

En 2009, elle adhère à l’Association des artistes de la Rive-Sud (AARS) et crée des liens. Elle partage son expérience et s’enrichit humainement au contact d’autres artistes. En 2011, elle adhère à l’Académie Internationale des Beaux-Arts du Québec (AIBAQ) auprès de qui elle obtient plusieurs prix du public. De fil en aiguille, elle devient membre de plusieurs autres associations professionnelles: La Société artistique et culturelle de Québec (SACQ) en 2012, le Collectif International d’Artistes ArtZoom (CIAAZ) en 2014, etc. Elle devient finalement artiste muséale en 2015. Sur une période de deux ans, en 2015 et 2016, elle réalise pas moins de six expositions personnelles.

L’année 2016 marque d’ailleurs un cap important pour Ginette Ash qui devient tour à tour la présidente d’honneur d’une grande exposition internationale – une reconnaissance qui souligne sa longue carrière dans les arts visuels et les arts plastiques – et membre d’honneur du CIAAZ. Elle fait également 23 expositions pour cette seule et même année et obtient des distinctions honorifiques, un Grand Prix (en techniques mixtes) et est finaliste au Concours d’œuvres d’art de la Diffusion culturelle de Lévis. L’artiste, qui est une habituée des expositions thématiques à L’Espace contemporain de Québec, des expositions collectives à la Galerie Louise-Carrier de Lévis et de la Galerie des Deux-Ponts à Saint-Nicolas, est une artiste coloriste multidisciplinaire qui a toujours aimé partager avec le public sa passion pour les arts.

Une démarche qui prend racine dans une connaissance pratique des médiums et des techniques

Sur une période de quarante ans, de 1975 à 2015, l’artiste suit, de façon continue, des formations complémentaires en arts visuels et en arts plastiques sous la forme d’ateliers de développement et de perfectionnement en sculpture, en émaux sur cuivre, en peinture à l’huile, en peinture acrylique, en aquarelle, en peinture décorative sur bois, en peinture sur soie, en acrylique-café, etc. Tous les médiums et les techniques possibles et imaginables sont au programme. La passion de l’artiste pour les arts visuels n’a, pour ainsi dire, aucune limite – ce qui fait d’elle une artiste complète. De tous les médium expérimentés, elle choisit l’acrylique qu’elle travaille en techniques mixtes pour ses nombreuses possibilités créatives.

« La peinture est pour moi un langage, une communication visuelle qui me permet de m’exprimer et de m’épanouir« .

L’artiste aime faire chanter la couleur, jouer avec l’ombre et la lumière, créer une atmosphère particulière. Ses couleurs sont vives, chatoyantes et lumineuses. Depuis plusieurs années, elle exploite davantage les techniques mixtes en introduisant des éléments en relief. En ajoutant des pâtes de structure, divers papiers qu’elle froisse et maroufle sur son support, elle crée des veinures en relief qui forment un fond propice à l’élaboration de sa composition florale. En appliquant ses couleurs en couches successives combinées à un vernis brillant, elle intensifie couleur et brillance à travers des transparences. L’artiste fabrique ses propres couleurs et s’inspire directement du Cloisonnisme et de la technique des vitraux anciens en utilisant une ligne de contour dorée, argentée ou noire. Toute la rigueur de son travail de composition est au service de l’esthétique recherchée et de la créativité. Les sujets qui l’animent sont essentiellement dirigés vers la nature. C’est d’ailleurs ses compositions florales qui l’ont fait connaître aux quatre coins du Québec. Ginette Ash aime représenter le monde naturel et végétal qui symbolise la vie, d’où l’omniprésence de veinures en relief. « Les fleurs me fascinent au plus haut point et m’attirent particulièrement par leur beauté, leur fragilité et leur côté éphémère à qui je redonne une deuxième vie intemporelle. J’aime surtout les peindre en gros plan et en plan rapproché pour mieux saisir la finesse du détail, les transparences, les ombres et les lumières (…) ». Ses fleurs expriment une métaphore sur la vie, si courte, si fragile, si belle.

Le thème floral est hérité de l’Antiquité. Grecs et Romains excellaient d’ailleurs dans la reproduction de scènes de jardins. La connaissance approfondie de la nature faisait également partie des grands principes de la civilisation égyptienne. En effet, le thème, en peinture, ne date pas d’hier. Il faut attendre la Renaissance, en Europe, pour que les fleurs cesse d’être de simples éléments de remplissage et deviennent un thème à part entière. L’intérêt pour les fleurs s’est aussi développé en Orient et a même influencé certains mouvements d’avant-garde au début du XXe siècle. Avec les artistes avant-gardistes, l’intérêt de la création plastique se situe au coeur même de la peinture, à travers l’étude de la lumière. C’est ainsi que les fleurs – avec la nature morte – figurent parmi les thèmes importants qui ont donné matière à élaborer des créations picturales du XXe siècle.

Plusieurs autres thèmes

Son amour pour les animaux lui vient de son enfance et de son adolescence, alors qu’elle vivait sur une ferme avec ses parents cultivateurs. En 2011, Ginette Ash découvre la passion de la peinture animalière. Son objectif dans ce type de peinture est de faire ressortir l’âme de l’animal. L’artiste ne s’en tient pas seulement à la peinture florale et animalière, elle aime aussi les objets du quotidien à cause du rendu des textures, des détails et des reflets sur les surfaces. Depuis peu, elle s’intéresse aussi au portrait, notamment pour les attitudes et les expressions.

« Je suis avant tout une peintre d’atelier et j’y passe plusieurs heures par jour« . Grâce à sa formation en design d’intérieur, elle a appris la rigueur du travail bien fait, le souci du détail, la précision, la patience et la détermination à réussir. L’artiste qui est une perfectionniste passe donc beaucoup de temps à préparer son processus de création: recherche, croquis, étude de composition, travail à l’ordinateur, transcription du dessin sur la toile, etc. Rien n’est laissé au hasard. « Peindre, pour moi, c’est tenter de représenter ou de transformer ce que je vois ou ressens, pour mon plus grand bonheur et, peut-être, celui de quelques amateurs d’art. Chaque toile est une aventure qui mène quelque part dans un monde intérieur que je veux partager avec le public« .

La peinture a toujours été son rêve, la pratique de son art fait donc partie intégrante de son bonheur, de son équilibre intérieur et de son épanouissement personnel. « En tant qu’artiste, la peinture donne un sens à ma vie. Elle me permet d’exprimer mes émotions (…). C’est ma passion et ma raison d’exister !« . L’art est plus qu’un monde de rêverie, c’est un état d’âme, un anti-stress, une thérapie, un lâcher prise. Quel que soit le thème que l’artiste exploite, son sujet principal s’articule autour de la lumière qui donne vie à ses œuvres.

Ginette Ash peint en moyenne entre huit et dix heures par jour au point d’en oublier de manger et de dormir. Le but ultime du travail artistique de l’artiste est de partager sa vision optimiste de la vie à l’aide d’une peinture nourrie par les couleurs qui chantent et par la lumière rayonnante.

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