Par HeleneCaroline Fournier

Une liberté d’expression

Née en 1956 à Dijon, cette artiste aborde la peinture grâce à Dali. Thèmes abstraits souvent incompris du public, l’artiste dérange mais c’est dans l’ordre des choses : tous les grands noms de la peinture l’ont fait avant elle.

Nadine Thomas, dite NAD La Nomade est artiste peintre. Très tôt, elle rêve de voyager vers des contrées lointaines. Elle aborde la peinture en 1994. C’est en allant voir les lithos de Dali sur la tauromachie qu’elle a vraiment décidé de créer à travers le thème du mouvement. En 1997, c’est le mouvement abstrait qui retient toute son attention. Grattage, collage, feutres… C’est la période de la découverte, du plaisir et de la libération. A cette époque, elle décide de travailler avec ses mains dans la vente de fleurs, après une formation en botanique. Dans tout ce qu’elle fait, elle recherche le mouvement. En 2003, elle choisit définitivement la peinture comme profession ; c’est à ce moment qu’elle présente au public ce qu’elle fait.

Nadine Thomas, NAD la Nomade, travaille occasionnellement avec François Thomas. En effet, l’un et l’autre se complètent dans la vie mais aussi parfois dans la création d’oeuvres. Cette union est une force en soi et les expositions en duo ne sont pas rares à partir de 2003. Leur démarche artistique se rejoint et se complète. En 2004, lors d’une entrevue, elle avoue : « Nous sommes poussés en avant réciproquement ! Chaque fois que l’un de nous deux expérimente un nouveau thème ou une nouvelle approche, ça provoque un stimulus chez l’autre ! ». Malgré cette approche dualiste qui facilite parfois les choses, leur vie n’a pas toujours été sans heurt, car qui dit « art contemporain », dit également « incompréhension ». Les proches de Nadine Thomas n’ont pas eu beaucoup de compréhension face à son choix de carrière. Avec le temps, les expositions, le travail assidu et continu, certains d’entre eux se sont ouverts à cette idée et commencent tout juste à apprécier son travail. NAD la Nomade n’a d’ailleurs aucune barrière ni tabou et n’hésite pas à aborder le thème plutôt insolite en art : le clitoris !

Dans son atelier, l’artiste s’entoure des choses habituelles : sa matière première, ses fournitures, choses récupérées qui pourront éventuellement servir, etc. Son univers fait de lumière et d’espace se doit néanmoins d’être calme. Les seules raisons qui la poussent à peindre à l’extérieur sont les créations avec son mari et les installations ou performances devant public, autrement c’est la solitude qui l’incite à la création, dans le confort de son intérieur. Jusqu’à présent, son atelier était privé, mais elle avoue qu’en 2007 les choses pourraient bien changer puisqu’elle a emménagé en Bourgogne du Sud… La luminosité ayant son importance, NAD la Nomade peint le jour ; jamais la nuit.

Cette luminosité se retrouve d’ailleurs dans la plupart de ses oeuvres. L’espace fait partie intégrante des éléments qui contribuent au bien-être créatif de l’artiste. Un atelier vaste et dépouillé, où elle pourrait être libre de créer, où elle pourrait être face à elle-même, serait l’atelier idéal. Mais qu’en est-il de l’inspiration ? « Si je ne suis pas inspirée et que je me pousse au travail le résultat ne me fait pas plaisir, mais je sais pertinemment qu’il faut se contraindre à créer régulièrement pour faire une création vraiment personnelle ». Ce qui provoque surtout chez NAD la Nomade ce besoin de créer, c’est avant tout ses états d’âmes ; tout ce qu’elle emmagasine, tout ce qu’elle voit, entend, ressent… mais également les voyages et les gens. Les contraintes — car il y en a toujours — viennent surtout des thèmes précis en vue d’expositions futures, mais puisque l’artiste considère la création comme un « acte de jouissance », elle arrive toujours, même avec certaines contraintes, à se faire plaisir dans son travail. Quand on la questionne sur le regard que portent les autres sur son travail, elle a l’impression d’appartenir à une autre planète: « Je ne me situe dans aucun style et j’ai la sensation que peu de gens apprécient ce que je fais. » Elle préfère montrer sa toile une fois terminée car elle n’aime pas être influencée par le regard des gens. « Le regard de l’autre et ses impressions sont importants mais pas primordiaux. Le principal pour moi est déjà de me faire plaisir, ensuite de partager avec François, bien sûr, et en dernier avec les autres ! ». NAD la Nomade ne serait sans doute pas ce qu’elle est sans François Thomas à ses côtés et vice versa.

Une liberté d’expression est en mouvement chez cette artiste que les tabous collectifs n’ont su taire et ne pourront taire.

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