Par HeleneCaroline Fournier
Quand l’art devient une thérapie
Artiste multidisciplinaire et art thérapeute, elle utilise l’art comme moyen d’expression mais aussi afin de développer une certaine ouverture chez les gens qui ont un problème de communication, tels que les autistes. Auteur d’une quinzaine de livres, notamment des nouvelles, romans et biographies, elle a publié bon nombre d’oeuvres chez Manuscrit.
Muriel Cayet est née en 1961 en Région Parisienne. Médiatrice pendant près de quinze ans mais aussi conseillère littéraire et animatrice de formation, cette art-thérapeute s’est spécialisée dans le récit de vie. Récit de vie comme outil de changement de sa relation à l’autre, de sa vision de soi, mais aussi comme outil de développement personnel. Artiste peintre coloriste, elle vit aujourd’hui dans le Berry au plus proche du Romantisme et de George Sand. On pourrait qualifier Muriel Cayet de « compagne de voyage » car l’art thérapie est un geste d’accompagnement à la création. « Peindre, c’est se créer soi-même », dit-elle dans l’entrevue qu’elle a accordé à Art Zoom en parlant de l’acte de peindre ; de créer. L’absence de préméditation dans son acte créatif laisse à penser qu’il y a un besoin vital derrière cela. Pas seulement en ce qui concerne la peinture mais aussi pour l’écriture. C’est un besoin immédiat à satisfaire. C’est en effet de cette manière que l’artiste perçoit son acte de foi à travers l’art. Lorsqu’elle parle de l’art, elle nous dit ceci: « de la toile blanche, à l’oeuvre réalisée, les pensées les plus profondes, les noeuds et les blocages, les désirs prennent forme, remontent à une forme de mémoire vive qui s’exprime par le pinceau, les notes, l’écriture ou encore les mouvements du corps, mais transformés, sublimés ou encore éloignés ». Elle nous renvoie à la connaissance de soi, de nos limites, de nos défauts, de la structure même de notre intérieur plus ou moins marqués par la vie que nous véhiculons à travers l’expérience des âges et à travers l’art, qu’il soit peint ou écrit ! « La création quelle qu’elle soit permet de donner un sens à la vie et (…) un sens à la mort… qui n’a de sens que si elle ne représente pas une fin absolue, mais une cessation d’existence ; le souvenir, la mémoire, les oeuvres demeurant ». Muriel Cayet, passionnée par la création et par la vie, est aussi une grande philosophe. Elle avoue d’ailleurs s’émerveiller d’un rien. Elle transforme tout en actions, en émotions, en influx, en énergie de vie. Muriel Cayet avoue pouvoir peindre partout. Il ne lui faut pas d’objets ou d’éléments particuliers mais plutôt une préparation mentale. La transition se fait petit à petit et passe par l’habillement. La blouse de travail fait partie de cette « peau », de ce « rôle » tout à fait particulier de « l’être à l’âme créatrice » qu’elle devient, l’espace d’une toile. D’une manière presque métaphysique, elle considère son atelier comme quelque chose qui n’est pas extérieur à elle mais plutôt comme quelque chose d’intrinsèque ; une sorte de château intérieur. Un endroit qui a de bonnes vibrations, qui accueille avec chaleur pourrait être ce lieu. Lorsqu’elle parle de création, elle en parle comme d’une invitation à entrer en soi, à creuser dans les profondeurs de l’être. Muriel Cayet est une artiste qui aime peindre en groupe et qui n’hésite pas à animer des ateliers de peinture d’une vingtaine de personnes à la fois. La lumière qu’elle rend sur toile est primordiale dans son travail. Elle peint souvent la nuit, à la lumière artificielle, parfois même à la lueur d’une bougie ; ce qui la contraint d’aller chercher la lumière dans ses couleurs, comme si la toile devenait illuminée de l’intérieur. La création débute avec des images mentales, la main prend la relève et marque sur la toile ses pensées et les fige dans un certain mouvement. L’artiste aime bien la matière humaine en fusion, en construction d’où surgissent les idées et la créativité de groupe. Plus il y a la liberté dans le geste plus la peinture vit et respire d’elle-même. C’est un voyage intérieur qu’elle partage avec les autres, symbole de ses visions, de ses pensées, de ses désirs, de son histoire. C’est l’univers des couleurs… celle qui apaise les esprits les plus emprisonnés.