Par HeleneCaroline Fournier
L’espace contemporain qui présente « Les états du corps » est dans tous ses états avec ces quinze artistes qui ont exploité un thème autour du nu, comme on s’en doutait bien. Parmi les artistes présentés, on retrouve Danyelle Bachand avec cinq corps d’une vitalité émouvante, Francine Blais avec deux oeuvres abstraites remarquables qui méritent une mention spéciale, Caroline Dufresne qui arpente la biologie sous une forme moins scientifique, Michel Giguère avec l’exploitation de divers médiums, Louise Jobin avec ses « Nids » humains rarement vus au Québec, Eric Lajeunesse toujours aussi esthétique et poétique par le miracle toujours renouvelé de l’impression photo, Sylvie Lapierre avec une grande oeuvre sous verre, Caroline Mongeau avec ses sculptures dénonçant les choses et les situations aux titres évocateurs de « femme au naturel », « femme objet », « femme girafe », Nicole Mongeon-Cardin aux dessins (pastels secs, crayons, fusain) nés d’une gestuelle empreinte de lyrisme, Richard Noury qui mérite également une mention spéciale avec l’une de ses sculptures-armoires dans laquelle dorment objets, images, textes, etc. que l’on découvre en ouvrant les portes comme on tourne les pages d’un livre, Franck Perez qui exploite avec brio son thème de prédilection en sculptures, en fusain blanc sur fond noir et en acrylique, J. Michel Poulin avec ses trois acryliques aux silhouettes longilignes aux couleurs violacées et rouges profonds, Françoise Reid avec une très grande toile nous poussant à la méditation, François Roy avec son haut-relief, une oeuvre de sa collection « Lumières et silhouettes » et qui se passionne visiblement pour le culte du corps et de l’âme et Yves Robert, représenté pour l’occasion par son agent, qui présente quatre photos de peinture sur corps (photos de Patrick Wecksteen) de la collection « Carla » ainsi que quatre aquarelles issues de son sujet favori (les femmes) brillamment mises en valeur par le directeur de la galerie, Monsieur Michel Therrien.
Si le sujet n’est pas nouveau, il est par contre bien exploité car tous les médiums y sont exposés dans toutes les dimensions possibles, comme si les artistes avaient cherché à tirer la quintessence des modèles, des techniques, des médiums… On a beau faire le tour de l’exposition, on n’en arrive pas à faire le tour du sujet qui reste, lui, infini. Toutes les couleurs ont créé un ballet dans la tête du public présent au vernissage de ce 16 octobre 2008. On en ressort ébloui et émerveillé par la grandeur de ces créatrices et créateurs qui expriment à leur façon quelque chose de transcendantal dans la continuité des artistes qui ont fait l’histoire de l’art depuis des siècles. On est loin de « L’Origine du monde » de Gustave Courbet, oeuvre largement contestée et longuement débattue. Cette exposition est auréolée d’harmonie, de beauté et d’une certaine pudeur rassurante. « Les états du corps » n’a donc rien d’osé ni même de mauvais goût, mais se distingue, au contraire, par son bon ton.
Article tiré de la revue L’ArtZoomeur (Dossier: Critiques d’art) vol. 1