Ce billet fait partie d’une série de blogues célébrant les 10 ans du HuffPost, série pour laquelle Le Huffington Post Québec a invité des experts à réfléchir sur la prochaine décennie dans leurs domaines respectifs.

Les arts visuels dans 10 ans ?

Dans 10 ans, il y aura toujours des plasticiens et des artistes en arts visuels. Il y aura toujours des peintres, des sculpteurs, des collagistes, des aquarellistes, des pastellistes, des dessinateurs, des photographes d’art, des modeleurs, des graveurs, etc. C’est-à-dire des libres penseurs-créateurs œuvrant dans les arts plastiques, les arts visuels, les arts médiatiques, les arts numériques et autres,. utilisant toutes les techniques et/ou les supports matériels à leur disposition pour nous faire rêver. Dans 10 ans, de nouvelles techniques seront apparues liées à l’avancement technologique, mais grosso modo ce que nous connaissons aujourd’hui sera toujours là.

Dans 10 ans, les artistes engagés auront d’autres sujets d’actualité, d’autres enjeux sociaux, d’autres problématiques mondiales à rajouter à leur liste déjà bien étoffée. Certaines batailles perdureront, d’autres seront nouvelles, car les artistes sont des témoins de leur époque. Ils s’inspirent directement de ce qu’ils vivent, de l’actualité principalement, mais aussi des causes humaines mondiales qui les touchent. Si certains sont engagés dans un art dérangeant, appelé à réveiller les consciences, d’autres sont plus portés à sublimer la réalité dépeinte à travers leurs yeux pour nous faire rêver; thérapie du bonheur dans un monde très peu porté sur l’idéalisme.

Luce Théberge

Le fossé des marchés de l’art

Dans 10 ans, il y aura toujours des artistes qui souhaiteront vivre pour l’amour de l’art à défaut de vivre décemment de leur art. Si, au niveau le plus élevé, on retrouve actuellement des Jean-Michel Basquiat, Peter Doig, Christopher Wool, Martin Kippenberger, Jeff Koons, etc. qui se classent parmi les artistes les mieux vendus au monde, dans la catégorie de l’art contemporain, avec des enchères de plus de 10 millions de dollars – records hors norme du milieu de l’art mondial -, la majeure partie des artistes de cette planète vivent de peu. Si les étoiles montantes de l’art contemporain peuvent passer, en seulement 10 ans, de la 28e place mondiale à la 10e place du classement des artistes les plus performants aux enchères toutes catégories confondues, c’est dire que tout est possible en seulement une décennie. Malheureusement, les artistes ne sont pas tous des Jeff Koons.

La peinture est actuellement le médium de prédilection des collectionneurs, suivie par le dessin et la sculpture. La photographie toutefois gagne lentement du terrain. Les prix de la photo ont pris un moment à s’élever. En 15 ans, la photographie a acquis un intérêt remarquable et constitue désormais un véritable marché autonome. Dans dix ans, ce marché sera encore plus développé qu’aujourd’hui. D’ailleurs, l’apparition de l’Art Mobile ou du Mobile Art qui est un mouvement assez récent, réunissant l’ensemble des œuvres artistiques réalisées entièrement sur un appareil mobile, né de l’Iphoneographie, apparue sur la Côte ouest américaine, qui a envahi le territoire depuis New York d’où elle rayonne, pourrait changer la donne dans le domaine de la photographie d’art, par le nombre croissant d’utilisateurs de téléphones intelligents. La photographie d’art dite traditionnelle pourrait facilement évoluer vers le numérique. Quant à la pratique de la sculpture, elle pourrait se modifier au profit d’une utilisation plus artistique des imprimantes 3D, déjà en fonction dans plusieurs domaines industriels et médicaux. Les autres supports, comme la vidéo et les installations, restent relativement peu présents dans les enchères mondiales. Cette tendance pourrait éventuellement évoluer avec cette course technologique et informatique que nous connaissons. Qu’on le veuille ou non, à plus ou moins long terme, la technologie révolutionnera le monde de l’art.

Edith Liétar

 

Les conditions de vie des artistes

Dans 10 ans, il y aura toujours des acteurs du milieu qui se battront pour améliorer la qualité de vie des artistes qui vivent de peu. Les artistes de vocation qui ont voué leur vie entière à leur art seront une espèce en voie de disparition, car, si la peinture – tout comme le dessin et la sculpture – peut être un loisir, elle peut également être une profession voire une vocation. Les artistes de vocation, qui vivent avec peu de moyens aujourd’hui, vivront dans une précarité encore plus grande dans 10 ans. Si personne ne fait rien, dès maintenant, concrètement, pour la relève artistique de demain, le boulot de survie pour payer les factures relèguera les arts plastiques et les arts visuels à un «acte créatif isolé» pratiqué à temps perdu.

En 10 ans, avec de la bonne volonté, il pourrait s’en passer des choses pour améliorer la condition de vie de ces femmes et de ces hommes pour qui la création (l’art) est un besoin aussi vital que respirer de l’oxygène. Des initiatives sérieuses, ayant une vision de développement à moyen terme et long terme, doivent être prises, dès aujourd’hui, pour que l’art et la culture aient une signification humaine et sociale. J’aimerais que, d’ici dix ans, il y ait une véritable conscientisation des conditions de vie des artistes plasticiens et des artistes en arts visuels.

Steeve Lechasseur

L’art, thérapie du bonheur

L’art est nécessaire à une société pour qu’elle demeure en santé. L’art est thérapeutique; on l’utilise déjà avec les autistes. La peinture, la sculpture, la photographie d’art, etc. sont des activités qui retardent le vieillissement, stimulent la joie intérieure, apportent une raison d’exister, occupent le temps et font disparaître l’angoisse, l’ennui et le mal-être. S’il a été prouvé que certaines couleurs ont des propriétés apaisantes ou stimulantes pour l’organisme humain, les arts aussi apportent beaucoup à la personne qui pratique une activité artistique et/ou créative, sans parler du partage qui vient avec l’activité qui favorise l’estime de soi et la confiance en soi. Dans dix ans, je souhaite que l’art ait une place plus importante dans nos sociétés et qu’il y ait encore des lieux de diffusion de qualité, gratuits pour les artistes, gratuits pour les visiteurs, accessibles à tous. L’art aide à vivre, c’est pourquoi il faut préserver nos artistes.

L’art est le pouls d’une société. Une société sans artiste est une société morte, appelée à disparaître définitivement. Il y aurait tant à faire… Toutefois, une chose est certaine: si on sème aujourd’hui des graines d’artistes, il y aura une récolte dans 10 ans.

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