Le monde du travail, c’est-à-dire la façon de travailler, a évolué depuis la pandémie et continuera d’évoluer. Si la pénurie de main-d’œuvre, le télétravail, et les enjeux éthiques ont déjà façonné le monde du travail d’aujourd’hui, ils affecteront aussi le monde artistique de demain. Les attentes et les compétences des jeunes, nés entièrement dans le monde numérique avec tablettes, téléphones intelligents, réalité virtuelle, intelligence artificielle, réseaux sociaux, applications de communication audiovisuelle, etc., vont indubitablement changer le monde de l’art.
La génération Alpha, celle des enfants nés depuis 2013, est la génération qui vient après les milléniaux (1981-1996) et les Z (1997-2012). Ils sont nés avec la technologie, et celle-ci fait partie intégrante de leur réalité, de leurs réflexes sociaux et de leur identité. Ils ne connaissent pas le monde sans cette technologie. Cette connaissance intime influencera leurs attentes et leurs choix dans tous les domaines, y compris leurs futurs goûts en art. Leur environnement de travail s’articulera autour d’une quête de sens, d’un désir d’épanouissement et d’impact positif sur le monde. La génération Alpha aura pleinement intégré la notion de flexibilité au travail avec l’habitude d’utiliser la technologie dans les moindres recoins de sa vie quotidienne.
Le concept de travail de 9 à 5 deviendra totalement obsolète, et de nouveaux modèles de travail favoriseront l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle. Le monde de l’art n’échappera pas à ce changement. L’instantanéité d’achat est déjà présente avec les plateformes de commerce. Le désir matériel peut être satisfait d’un simple clic. On achète en ligne et on reçoit le colis le lendemain. L’achat de l’art devra être aussi rapide. Cela vient avec un revers de la médaille : l’artiste devra développer son entreprenariat en conséquence et faire preuve d’ingéniosité pour séduire cette génération habituée à tout avoir. Les livraisons devront être rapides. L’intégration numérique devrait être une priorité absolue pour l’artiste d’aujourd’hui qui souhaite faire des affaires dans le futur avec ces jeunes qui seront devenus des adultes consommateurs.
Le modèle des galeries d’art physiques est révolu depuis un moment ; seules les grosses galeries ont tenu le choc de la pandémie. On achète désormais en ligne, sans se déplacer, sans perdre de temps en transport, et on reçoit le produit rapidement (et on le retourne tout aussi rapidement s’il ne convient pas). L’art est en train de devenir un produit comme un autre. La culture de la facilité chez les artistes a déjà débuté avec la pratique artistique qui a changé ces dernières années. Avant, l’artiste faisait l’École des beaux-arts ou obtenait un diplôme en arts visuels ; maintenant, il n’a qu’à suivre un tuto audiovisuel pour savoir comment étaler de la peinture sur une surface quelconque.
L’intelligence artificielle (sous la forme d’agent conversationnel) sera le service à la clientèle. On aura de moins en moins affaire à un être humain. L’artiste se distinguera néanmoins de l’IA par son authenticité artistique, mais l’artiste devra se montrer à la hauteur des attentes de la génération Alpha, qui ne fera peut-être pas la différence entre vraie peinture et reproduction générée par l’IA. Pour ne pas se laisser distancer par le fossé générationnel (qui pourrait vite devenir un abîme), il faut se mettre en marche dès maintenant.
En conclusion, bien que les obstacles soient nombreux, les artistes d’aujourd’hui doivent s’adapter et évoluer avec les changements qui se produisent. L’avenir du monde de l’art dépend de leur capacité à embrasser ces nouvelles réalités tout en conservant leur authenticité et leur créativité. La génération Alpha représente un défi, mais aussi une opportunité de redéfinir ce que signifie être un artiste dans le monde moderne.