L’artiste Guylaine Malo a changé son atelier ces dernières années. D’un appartement à Laval (Québec), elle est passée à une maison à Pembroke (Ontario). Son atelier, de taille moyenne, comprend une chambre de rangement de 16 pi2 (4,88 m2) et d’une aire de travail de 13 x 17 pi (3,9 x 5,18 m). L’espace est suffisant pour ses besoins actuels, bien que l’artiste rêve toujours d’avoir plus grand. « Agrandir est toujours intéressant. Des fois, il faut se restreindre parce que, plus grand, toujours plus grand, ce n’est jamais assez grand ! » L’artiste, par contre, ne fait aucune concession pour la lumière. Elle a besoin de beaucoup de lumière et d’un espace assez grand pour prendre du recul pour voir l’effet réalisé. Elle a également besoin de ses plantes « ce magnifique vert qui est tellement inspirant et relaxant. » Elle travaille donc avec la lumière artificielle et naturelle. Sa préférence va à la lumière naturelle qui est nettement insuffisant, pour elle, en période automnale et hivernale. Elle admet volontiers que « certaines nuances de couleurs ne se voient bien qu’avec une lumière du type soleil d’été. » Les lumières LED ont une propriété éclairante qui se rapproche de la couleur naturelle. L’espace de son aire de travail n’influence pas directement le choix de ses formats de toile. « C’est plutôt le rangement qui va me limiter dans mes formats. »
Puisque l’artiste a toujours fait du dessin, de l’aquarelle et de la peinture réaliste, son besoin d’espace n’est pas aussi grand que les artistes qui doivent s’installer avec beaucoup de matériel. « Comme je ne fais pas d’abstrait, j’ai juste besoin de mes pinceaux et de mes couleurs, mes cahiers de dessin et mes crayons. » Son atelier n’est pas forcément un refuge secret. Ceci dit, le silence, étant de plus en plus important, elle aime bien pouvoir s’entendre penser. Depuis qu’elle vit en Ontario, sa vie sociale a changé et, forcément, sa vie professionnelle aussi. Après avoir répondu à l’appel du gouvernement québécois pour aller travailler comme préposée aux bénéficiaires dans un CHSLD, au pire de la première vague pandémique (avec un rythme de travail on ne peut plus épuisant), suivi d’un déménagement en Ontario, suivi d’un bref retour aux études professionnelles, suivi d’une longue période d’incapacité à étudier et à travailler, l’artiste a vu sa vie perturbée. Sa pratique artistique s’en est trouvée fortement bouleversée. Ces dernières années, elle a dû prendre le temps de retomber sur ses pattes et de retrouver un peu de normalité dans sa vie avec un travail à temps plein qui s’est avéré passionnant pour elle. Les heures consacrées au dessin, à l’aquarelle ou à la peinture ont beaucoup diminué, forcément. Elle a dû attendre que la tempête se calme pour s’y remettre. Maintenant, elle entrevoit la lumière au bout du tunnel. « Avec le retour de la lumière, j’espère utiliser mes soirées. » Habituellement, sa période la plus productive se trouve au printemps, lorsque tout renaît. L’arrivée de la verdure a un effet thérapeutique sur l’artiste qui s’entoure de plantes, d’arbustes et d’arbres fruitiers dans sa maison qu’elle partage avec ses félins.
« L’inspiration et les idées mijotent pendant un temps. » Guylaine Malo a toujours représenter des scènes de son quotidien. Dans son processus de travail, elle aime poser des réflexions sur son propre vécu. « C’est toujours une synthèse de mon expérience de vie, avec ou sans message (le message est toujours pour moi). Et, lorsque le tout est mûr, je m’installe (pour peindre). Pour certains, cela peut avoir l’air soudain, mais l’inspiration soudaine est rare. Les couleurs, par contre, ne sont pas toujours ce que je choisis et ne correspondent pas toujours à l’image que j’avais en tête. » Dans son processus de création, la réflexion a donc une place importante. L’artiste puise sa source d’inspiration au coeur des émotions vécues au quotidien, comme la série de peintures qu’elle a faite à partir de son expérience en CHSLD ou la série des « Marilyn », une chatte qu’elle a profondément aimée jusqu’à son dernier souffle.
Travailler à plusieurs dans un atelier lui serait difficile. « La distraction est facile et le fil conducteur est facilement brisé. » L’artiste, qui avoue être plutôt pantouflarde, préfère de loin la solitude et le silence, dans le confort de son chez-elle, que travailler à plusieurs dans un atelier ou devant le public. « J’ai une philosophie qui est simple: le social est pour s’amuser et relaxer, non pour travailler ! » L’artiste québécoise, devenue franco-ontarienne d’adoption, est peintre professionnelle depuis 1990. Elle n’a jamais ouvert son atelier au public et n’a pas non plus l’intention de l’ouvrir dans un avenir rapproché. Elle a exposé un peu partout, notamment en France, en Belgique et au Canada. Ses oeuvres sont généralement vendues en ligne sur diverses plateformes de vente. Guylaine Malo n’a jamais cherché à créer des « produits » destinés à la vente commerciale. Elle est toujours restée fidèle à elle-même et à ses convictions profondes; l’art naît d’abord d’un besoin à satisfaire. « Les galeries d’art ont beaucoup changé. Leur fonctionnement est différent (de celui de l’artiste). Les galeristes, pour la plupart, ont toujours recherché un produit commercialisable. C’est ennuyeux pour un artiste de travailler sur commande, pour répondre au besoin des autres, en oubliant son besoin intrinsèque de créer, de témoigner par son travail son expérience de vie, de faire le compte-rendu en images de son passage sur terre. » L’artiste, entière, authentique dans sa pratique, peint ce qui la touche personnellement. On peut dire qu’elle est vraiment un témoin de son temps.
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