Par HeleneCaroline Fournier

La méridionale ardente

Fabienne Löpez d’origine bolivienne est née à Paris. Diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, elle vit tantôt en France, tantôt en Amérique Centrale. Son parcours est une aventure exaltante qui la conduit jusqu’à Rabat, capitale marocaine, dans une exposition solo trois années de suite et aux Etats-Unis pour une exposition de groupe à New-York. Médaillée d’or et d’argent, elle a accumulé au cours de sa carrière nombre de distinctions. Comme le dit si bien l’artiste: « L’oeuvre est un repère de la peinture intellectuelle. La pensée inhibe le côté naturel de l’être humain. Car trop référencée culturellement, il faut donner la possibilité à l’esprit de garder son libre arbitre. L’amateur d’art ne doit pas subir, mais s’épanouir devant la toile ou la sculpture. » Assurément, Fabienne Löpez a su se repérer à travers l’art car elle nous offre aujourd’hui près de quatre-vingt-dix oeuvres qui ne laissent pas insensible. Ses oeuvres du Maroc, de Cuba et d’Andalousie, art plus traditionnel, nous ouvre des horizons qui racontent leur propre histoire empreinte de chaleur autant au niveau humain qu’artistique. Son site Internet illustre en fait son parcours de ces vingt dernières années. Ses oeuvres les plus récentes sont plus abstraites, mais illustrent malgré tout quelques silhouettes figuratives que l’on devine dans l’étude de ses oeuvres toujours très riches en luminosité.

Dans son atelier, l’artiste s’accompagne de sa musique sur France Culture et de ses outils de travail. Elle peint le plus souvent dans son atelier sauf pour le pastel qu’elle fait en extérieur pour se détendre « et pour ne pas perdre les leçons que la nature nous donne ». L’artiste part souvent au Maroc, aux portes du désert, et s’installe dans un coin pour peindre, les commodités de son atelier en moins. Le calme et la sérénité sont néanmoins nécessaires « en fait, je peux changer d’endroit, de pays, du moment que je m’installe un petit coin pour peindre ». Fabienne Löpez est farouchement attachée aux pays ensoleillés; la luminosité étant un élément majeur dans l’ensemble de son travail. Elle travaille avec la lumière du jour, plutôt le matin, quand la créativité est là. Elle peut peindre toute une journée, une fois lancée dans une oeuvre et quand l’inspiration n’y est pas, elle cultive ses champs pour se ressourcer auprès de ses vignes et de ses fruits. Quoiqu’elle aime beaucoup les échanges et recevoir à l’occasion ses amis pour partager leurs avis et leurs regards critiques. Elle doit, pour peindre, se retrouver seule. Pendant des années, l’artiste peignait dans un espace restreint avec très peu de recul, maintenant qu’elle a aménagé depuis 2006 un ancien hangar agricole en atelier, l’espace est devenu, pour elle, synonyme de liberté. Toutefois, elle se défend bien de dire que l’espace est lié à la capacité de réalisation. En effet, peu importe les endroits où l’artiste peint, il y a toujours l’espace intérieur, celui qui est « toujours là », en-dedans, et qui ne se mesure pas en mètres carrés. C’est cet espace là qui est le plus important à ses yeux. Fabienne Löpez voit la création comme quelque chose qu’on accueille, comme un visiteur qui arrive à l’improviste. Libre alors de l’accueillir ou non… elle compare la création à travers son médium comme une aventure, un voyage, une découverte pleine d’imprévus, un peu comme la vie. Elle se sent libre lorsqu’elle commence une peinture car elle ne sait pas exactement où cette toile va la conduire, puis elle évolue selon son inspiration. « En réalité, il m’est de plus en plus difficile de dire « ça y est ! Je n’ai plus rien à faire ! ». Il m’arrive de reprendre et de continuer des toiles réalisées antérieurement… ». La peinture n’est jamais un acte totalement terminé, abouti, achevé, elle laisse place à une ouverture, à une évolution, à une révision. C’est une recherche constante d’harmonie, comme en musique « pour trouver la bonne note, la bonne couleur, celle qui fera chanter tout le reste et tout cela dans un espace de plein et de vide et en trouvant les bons rythmes ».

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