Par HeleneCaroline Fournier

La Maison des Arts et de la Culture de L’Ancienne-Lorette présente l’exposition « En noir et blanc, ou presque », un éventail de quarante-huit dessins et d’esquisses. L’événement se tient jusqu’au 29 mars 2009 au 1268 rue St-Paul à L’Ancienne-Lorette (Québec-Canada). Le vernissage qui se déroulait le 7 mars a accueilli les artistes et leurs invités dans une ambiance chaleureuse et conviviale. On retrouve dans cette exposition quatorze artistes de la région de Québec, du niveau moins professionnel au niveau international, où chaque artiste est présenté sur un même pied d’égalité. L’ambiance amicale et fraternelle, loin de la compétitivité professionnelle, a largement contribué à rendre possible cette cohabitation d’artistes d’expériences différentes.

Parmi les exposants, on reconnaît aisément :

Lyne Lafontaine (IAF), d’une qualité exceptionnelle, qui expose cinq oeuvres, dont « Danse illuminaginaire » d’une douceur captivante, « Le Pardon », « Étude d’oreilles », « La Folle » et « En corps et encore » une exquise maîtrise d’un sujet masculin où l’on ressent la chaleur d’un corps parfait tout en graphite et pastel sur papier. Cette artiste est sans doute celle qui a été la plus appréciée par les visiteurs selon les commentaires recueillis lors du vernissage par la coordonnatrice de l’événement.

Isabelle Leblanc (CIAAZ) présente, quant à elle, cinq oeuvres, dont deux dessins gouachés intitulés « Étude d’autoportrait » dans lesquels on retrouve toute l’énergie « Leblanc » transposée dans un trait spontané à la limite de l’art brut, mais qui conserve malgré tout un grand souci d’utiliser l’espace de manière graphique tout en conservant un équilibre entre les masses. Ses deux esquisses de modèle vivant ont été faites dans le cadre de ses cours à Paris, tandis que la cinquième oeuvre, plus émotive celle-là, est née sous le crayon depuis la vue de sa chambre boulevard St-Germain-des-Prés.

LO (IAF, CIAAZ) expose trois esquisses de marine, des oeuvres préparatoires à des toiles qui sont actuellement en cours de réalisation dans son atelier de Cap-Rouge. Ses dessins au graphite, très détaillés et très achevés, malgré que ce sont tout de même des esquisses, alimentent déjà nos rêves de liberté. D’ailleurs les amateurs de voile, de kayak et de grand air marin ont su les apprécier à leur juste valeur, attendant impatiemment de voir le produit final
sous son trait de pinceau hyperréaliste.

Mélinda Morissette présente trois oeuvres; deux études du corps humain et un modèle vivant au fusain. L’étude du squelette humain au graphite démontre adroitement les dessous d’un trait de crayon résolument bien affermi.

Diane Paré a choisi de présenter pour cette exposition quatre esquisses sur papier. Le côté brut des oeuvres apporte une dimension naturelle qui n’est pas sans rappeler d’anciennes cartes au trésor qu’on doit manipuler avec respect.

Michèle Blais présente trois oeuvres de collection privée. Un « Petit chaperon rouge » et deux « Végétation », ces deux dernières portent en elles une dimension zen tout à fait respectable dans une rigueur d’exécution propre au caractère japonisant.

Hélène Blanchet est l’une de celles qui, avec Lyne Lafontaine, a le plus séduit les visiteurs et qui mérite une mention particulière pour l’excellence de ses quatre dessins. Une telle qualité est tout à fait surprenante pour une artiste qui n’en est qu’à sa troisième exposition collective. « Bienvenue petit bébé », « Tu prends un verre ? » qui a pris au moins douze heures de travail, « Surtout, ne pleure pas », d’une émouvante sensibilité, et « Hommage à Anne Geddes » ont su faire naître des émotions à travers des images en noir et blanc.

On retrouve d’ailleurs cette même sensibilité chez sa fille, Valérie Allard, qui présente une seule oeuvre : « Mon mec à moi », un graphite fort bien réalisé. Dommage toutefois que l’artiste ne nous ait pas laissé le plaisir d’en admirer davantage.

Hélène Drolet présente trois dessins : « Artistes en herbe », « Les artistes » et « Rêverie ». Trois oeuvres ayant une sensibilité poétique et humaine qui ne laisse pas insensible.

Catherine Hamel a choisi de présenter une seule oeuvre. Une interprétation fort délicate du « Premier baiser » de William Bougereau, angelots de 12 x 9 pouces; son premier dessin exposé.

Micheline Pruneau expose trois esquisses à des prix très abordables. Trois sanguines de nu de 6 x 4 pouces, étapes préliminaires qui révèlent déjà une délicatesse d’exécution.

Sylvie Roy expose « Projection d’autoportrait », avec un dessin de type manga et une « Esquisse qui danse pour aquarelle », abordant des thèmes amusants et divertissants dans une simplicité attrayante.

En terminant, au nom du père et du fils et de l’esprit artistique, on retrouve dans cette exposition, Yves et Yan Pigeon; Le père et le fils d’une famille très engagée dans l’art. Yves Pigeon présente six oeuvres sous verre, mettant en pratique son esprit créatif par l’application de feuilles de couleur qui soulignent finement la vivacité du dessin et « La belle Danoise » qui se distingue des petits formats.

Yan Pigeon a choisi, quant à lui, de présenter un « Double autoportrait », « La mort nourrit la vie », « Torsion », un dessin dans la lignée des Surréalistes, et « Il est mon père, je suis le fils et nous sommes sains d’esprit »; un portrait du père et du fils. La famille Pigeon est sans doute l’une des seules de L’Ancienne-Lorette a être aussi présente dans la vie artistique et culturelle de leur ville et à avoir ce grain de folie artistique qui abolit les limites du raisonnable et qui, toujours, nous étonne par cette constante créativité dans tous les domaines, même en sculpture sur neige.

En conclusion, dans cette exposition, plusieurs oeuvres sont issues de collections privées et ne sont pas destinées à la vente, d’autres sont à des prix négociables, d’autres encore à des prix véritablement très abordables. On y découvre beaucoup de choses, des artistes en tout premier lieu, mais aussi des oeuvres étonnantes, parfois simples, parfois complexes, mais toujours animées par le feu sacré de l’Art. « En noir et blanc, ou presque » est une expérience à vivre, plus qu’un rendez-vous à ne pas manquer, à La Maison des Arts et de la Culture de L’Ancienne-Lorette car il y a des choses dans la vie qui méritent d’être vécues.

Article tiré de la revue L’ArtZoomeur (Dossier: Critiques d’art) vol. 1