Cette œuvre de BEL a plusieurs niveaux de lecture. Réalisée en 2019, c’est une acrylique sur toile de 16 x 20 pouces qui se distingue par sa capacité à offrir deux interprétations distinctes selon son orientation: horizontale ou verticale. Selon l’angle de vision, son titre change: Demain il fera beau ou Brûlé. Ces deux titres, bien qu’opposés, reflètent les dualités fondamentales de l’existence, à savoir: destruction et espoir, chaos et harmonie, mort et renaissance.

Dans sa lecture horizontale, l’œuvre puise son inspiration dans un événement marquant : l’un des nombreux feux de forêt qui ont ravagé le Canada, notamment en Alberta, en 2019. L’artiste a été profondément marquée par une image relayée dans les médias, où l’on apercevait une route fermée au premier plan, bordée par un ciel incandescent et embrumé. Le brasier qui a forcé l’évacuation des résidents du sud-ouest de High Level en mai 2019 constitue la trame narrative de cette peinture.

Sur la toile, les strates de couleurs évoquent les couches de cette tragédie naturelle et humaine. Le roux, l’orangé, le jaune et le rouge terreux se superposent, formant un arrière-plan vibrant et intense. Ces teintes évoquent à la fois la puissance destructrice du feu et sa beauté hypnotique. Le noir, qui sert de support à la narration, vient inscrire des représentations imagées de la perte et du deuil: des branches calcinées, des troncs morts, et même de petites silhouettes humaines prises dans la tourmente. Le noir ici symbolise la cendre, le néant, et l’effacement de ce qui fut.

Cependant, malgré l’obscurité de cette interprétation, le titre Demain il fera beau infuse une touche d’espoir. C’est une promesse silencieuse que, dans les cendres du chaos, la vie trouvera toujours un moyen de renaître. C’est la force purificatrice du feu, qui détruit pour régénérer, qui consomme pour offrir une renaissance.

Dans sa lecture verticale, l’œuvre invite à une autre symbolique. La verticalité, par nature, est une expression de l’ascension, de la croissance et du dépassement. Là où la version horizontale raconte la dévastation, la verticale parle de résilience et d’élévation. Les troncs et branches à la verticale deviennent des symboles de vie, comme des piliers dressés vers le ciel malgré les flammes. Les nuances rougeoyantes évoquent alors une danse incandescente, une âme du feu qui, dans sa furie, semble aussi se transformer en souffle vital.

La verticalité de l’œuvre propose une réflexion plus introspective: c’est un cheminement intérieur, une élévation spirituelle qui transcende la douleur pour embrasser la transformation. Les flammes, loin d’être uniquement destructrices, deviennent des vecteurs d’éveil et de conscience. L’homme, debout et pensant, se distingue par sa capacité à sublimer les épreuves. À travers ce prisme, les teintes ardentes ne sont plus uniquement celles de la mort, mais celles de la lumière et de l’illumination.

Ainsi, cette œuvre de BEL transcende le simple cadre de la représentation picturale pour se muer en une véritable métaphore de l’existence. Elle nous rappelle que tout est cyclique: la vie, la mort, la destruction et la renaissance s’entrelacent dans un mouvement perpétuel. Elle invite le spectateur à ne pas se laisser enfermer dans une seule vision, mais à explorer d’autres perspectives, à tourner la toile, littéralement et métaphoriquement, pour découvrir ce qui se cache au-delà des apparences. Dans ce jeu de regards et de significations, Demain il fera beau nous offre un message puissant et universel: même dans les cendres, la lumière trouve toujours son chemin.