« J’accepte la grande aventure d’être moi » – Simone de Beauvoir
Nathalie Landry est une artiste qui s’inscrit dans la lignée de l’art engagé, qui travaille l’art abstrait aussi bien que l’art figuratif. Elle suit les traces de ses influences artistiques, qui sont Paul-Émile Borduas, Marcelle Ferron et les autres artistes peintres du Refus Global, qui étaient tous des rebelles. Comme Nathalie Landry, ils entrevoyaient l’homme libéré de ses chaînes inutiles, ils entrevoyaient, dans la joie, leur sauvage besoin de libération. C’est dans cette même veine que se site la quête de liberté de Nathalie Landry.
Il n’y a pas si longtemps, l’artiste cherchait activement un espace plus grand et plus confortable pour accomplir son travail. Son atelier était très petit. Il consistait en une table de travail de 30 x 60 pouces (75 x 150 cm) avec un rangement sous la table et quelques armoires. Faute de pouvoir faire mieux, elle s’accommodait de cet espace exigu et devait déborder dans d’autres pièces pour le séchage. « Il est primordial que j’aie plus d’espace pour travailler.», disait-elle au moment où l’entrevue a été réalisée. En mai 2023, elle déménage. Elle quitte un appartement pour emménager dans une maison car il lui manquait définitivement de l’espace pour se sentir à l’aise dans sa pratique artistique. « Avec plus d’espace, je pourrai créer plus grand et différemment. Je pourrai explorer plus amplement la création en aérosol, etc. Surtout, moi qui aime être pieds nus dans la pelouse, je serai « groundée » différemment. Il y aura plus d’espace pour créer des vidéos de mon travail, prendre de meilleures photos de mes créations. »
L’artiste travaille à la lumière artificielle et naturelle, mais étant donné le manque d’espace, c’était surtout à la lumière artificielle qu’elle travaillait dans son appartement. « Il arrivait parfois que je sorte une grande table sur mon balcon et que je peignais dehors. Parfois, juste mon petit chevalet et je peignais à l’huile ». Quand elle participe à une performance (un art battle, par exemple) devant public ou qu’elle travaille lors d’un symposium, la lumière est naturelle. « La lumière naturelle est, bien sûr, plus magique, mais la lumière artificielle amène d’autres défis. » En effet, dans la pratique de Nathalie Landry, la lumière artificielle est essentielle puisqu’il lui arrive souvent de travailler avec une « black light », une lumière noire, qui altère certaines couleurs et, puisque l’artiste utilise de la peinture fluorescente, et même phosphorescente, cette black light a des propriétés idéales pour mettre en valeur ce type précis de peinture qui ne se rencontre pas tous les jours chez les artistes contemporains. « Il est certain que la lumière joue un rôle sur la façon de créer. Il joue sûrement sur les couleurs choisies. On n’a qu’à penser quand on peint, une journée ensoleillée ou par une journée nuageuse. Cela joue sur notre état d’esprit et, donc, cela joue sur la création qui en ressortira. » L’espace et la luminosité sont deux éléments qui peuvent influencer les oeuvres de Nathalie Landry. « J’ai de grands projets qui nécessitent plus d’espace. J’ai une belle toile de 48 x 48 pouces, achetée par erreur, qui m’attend impatiemment. Je n’avais malheureusement pas la place pour la travailler. J’adore les grandes toiles. Je pourrai m’amuser avec l’aérosol, plus d’époxy, de dripping… L’exploration sera désormais sans limite. » Il convient, en effet, d’avoir un endroit bien aéré pour utiliser de la peinture en bombe, en aérosol.
L’atelier de Nathalie Landry est un refuge d’introspection. Elle y travaille en silence. « J’aime beaucoup le calme quand je peins. Je suis une personne très anxieuse et le silence m’apaise. » Elle consacre à son art plus de 60 heures par semaine. C’est une pratique de tous les instants. L’artiste peintre est active toute l’année, mais quand le blues de l’automne arrive, elle se sent plus productive. L’art comble un vif besoin d’évasion. « Parfois, mon rituel commence au coucher » quand les idées se mettent à tourner à vive allure dans sa tête. « J’essaie de me détendre et je me mets à penser à de belles choses, puis les images et les idées apparaissent. Parfois, cela mène à une toile qui devient au final une série. Parfois, tout n’est qu’instinct. » Quand elle vivait en appartement, l’artiste était toujours contrainte de tout ranger par manque d’espace. Elle devait ranger sa toile terminée pour en commencer une autre, maintenant elle pourra changer certaines de ses habitudes.
Bien que Nathalie Landry possède deux beaux saros et un tablier, elle porte le plus souvent une vieille robe de soleil très colorée pour peindre pieds nus. « Je me sens libre et en légèreté. » L’artiste admet qu’elle pourrait travailler ailleurs que dans son atelier, si cela était nécessaire, mais pas à long terme car la solitude et le calme font partie intégrante de sa pratique. Avoir accès à ses propres outils de travail est aussi une condition pour se sentir confortable et en confiance. Quant à créer à plusieurs dans un atelier, la réponse est évidente quand on connaît un peu sa démarche artistique: « Je préfère tout de même créer en solitaire. » Pour l’expérience, les échanges entre artistes, apprendre des techniques des autres professionnels, ce serait une expérience constructive sans nul doute, mais à court terme seulement.
Celle qui n’a pas encore ouvert son atelier au public, mais qui y songe néanmoins sérieusement, participe à plusieurs expositions pendant l’année où son travail est visible et où il peut être acheté. « Je me suis lancée en 2019, mais je suis professionnelle depuis 2022 ». Son entreprise Landabstraction est née, quant à elle, en 2020. L’artiste, une travailleuse autonome déterminée à percer dans le milieu, vend son travail en ligne tout autant qu’en galerie et lors d’évènements artistiques. La vente en ligne ou la vente directement avec l’artiste a de bons côtés, mais « les galeries donnent souvent un bon coup de pouce pour la visibilité, surtout en début de carrière. » L’un n’exclut pas l’autre et peut même être complémentaires.
L’artiste habite maintenant à Granby. On peut la rencontrer sur rendez-vous seulement.
SUR INTERNET
www.artzoom.org/nathalielandry