Par HeleneCaroline Fournier
La quintessence féminine
Depuis quelques années, une collaboration s’est faite avec Yves Robert, artiste peintre, et Patrick Wecksteen, photographe. Les peintures sur corps d’Yves Robert, qui étaient jusque là des oeuvres éphémères, se retrouvent maintenant immortalisées par le photographe Patrick Wecksteen. Une double démarche artistique autour d’un sujet unique.
Yves Robert, né en 1963 en France, occupe la profession de designer-décorateur d’intérieur. De 1991 à 1993, il fait l’École des Beaux-Arts de Rouen (en France). C’est en 2001 qu’il débute véritablement sa carrière en tant qu’artiste peintre et dessinateur. Il expose des aquarelles lors de plusieurs événements dans son pays, ce qui le conduit tout naturellement à exposer en galerie. L’accueil pour ses expositions d’aquarelles est remarquable car des publications ont vu le jour en 2004 autour de « Kali : récit photographique d’une transformation » relatant sa première expérience de collaboration avec le photographe Patrick Wecksteen. Puis « Kali », cette peinture sur corps immortalisée en photo, fait son apparition dans le premier numéro de la revue « Photo Fan » où un article est consacré au photographe Patrick Wecksteen. En 2005, le Dictionnaire Drouot Cotation Artiste 2005, aux Éditions Larousse, publie deux des oeuvres d’Yves Robert. Après avoir fait le Salon du Nu, à Paris, où il a fait une démonstration en public de peinture sur corps, on a retrouvé l’artiste, en 2006, dans divers endroits de France et d’Italie. Il exposera en 2007, à Québec, avec d’autres artistes d’Art Zoom: Collectif International d’Artistes qui a vu le jour en 1997 et dont Yves Robert est vite devenu une figure emblématique. L’aquarelle et la peinture sur corps sont deux contextes différents qui exigent deux lieux de travail différents. Les aquarelles sont faites pour être appréciées à la lumière naturelle, ce qui révèle le mieux la subtilité des tons. La peinture sur corps exige un éclairage beaucoup plus sophistiqué. En ce sens, la collaboration du photographe vient ajouter une nouvelle dimension par le « domptage » de la lumière. Pour le pastel, l’aquarelle et le collage, l’artiste a pris l’habitude de s’accommoder de l’espace dont il dispose chez lui mais il arrive parfois qu’il croque sur le vif des scènes de ville dans des conditions moins confortables. Bizarrement, sa création, bien que figurative, accorde une large place aux sujets imaginaires. En voyant les traits si sûrs de l’artiste dans ses aquarelles, on pourrait en déduire que Yves Robert dessine directement à partir de modèles vivants, mais ce n’est pas le cas – il travaille toujours à partir de photos ! Par contre, la peinture sur corps – un sujet encore peu exploité à cause des tabous autour de la nudité – se fait, sous forme d’action directe, sur un corps de femme. Tabou somme toute relatif car toutes les démonstrations publiques de l’artiste suscitent un grand intérêt auprès du public. « Comme il n’y a pas d’intimité avec mon modèle, le public a sa place »… Et, avec surprise, le public se montre respectueux de l’acte posé sous les projecteurs des salons ou des festivals. La peinture sur corps est une discipline méconnue au niveau artistique qui n’a pas encore trouvé sa place au Canada – pays plus puritain que la France – mais les vrais amateurs d’art apprécieront assurément le professionnalisme qui s’en dégage et devront revoir toutes les idées reçues sur cette discipline, d’autant plus qu’elle part d’une démarche artistique beaucoup plus profonde qu’on ne pourrait le croire. Avec le double aspect : peinture et photographie, l’art éphémère se prolonge dans le temps pour subsister en une seconde oeuvre artistique ; une variation sur un sujet unique, tel un hymne à la liberté d’expression.