Avec un certain recul, en quoi cette pandémie a changé le cours de votre vie artistique ? Comment vivez-vous avec les nouvelles contraintes (port du masque, distanciation, nombre limité de gens dans un même endroit, frontières fermées, l’attente d’un vaccin, etc.) ? Avez-vous surmonté des obstacles que vous pensiez infranchissables de prime abord ? En quoi cette pandémie de 2020 vous a-t-elle révélé des choses à vous-mêmes ? Quel regard portez-vous sur 2021 au niveau de votre vie d’artiste professionnel(le) ?

On se souvient sûrement du témoignage de Pierre Bureau, diffusé le 7 septembre dernier, sur HEART. Lors de son premier témoignage, l’artiste pastelliste et astronome, s’était tourné tout naturellement vers le ciel pour vivre son confinement sur Terre en mars-avril.

Avec le recul, en quoi cette pandémie a-t-elle changé le cours de sa vie artistique?

L’artiste avoue que les mesures de confinement l’ont plus affecté que ce qu’il croyait quand il a écrit son premier témoignage. «En lisant les autres témoignages de mes collègues artistes, cela m’a ramené à ma nature première. Tout jeune, j’étais très proche des gens. Bien que souvent dans la lune, les nuages et les étoiles, lorsque je revenais sur Terre, j’avais besoin de les toucher, de les sentir. La proximité n’était pas que physique mais aussi intuitive, au-delà des sens. Quand j’ai découvert le pastel sec, il me semblait important de le montrer par des expositions bien réelles. Mes atmosphères célestes aux nuages traversés d’une lumière (oserais-je dire divine) faisaient le lien entre le ciel et la terre». Pour Pierre Bureau, le contact interpersonnel et les échanges sont importants pour son équilibre intérieur.

Oeuvre de Pierre Bureau

Ensuite, en 1996, il a créé le Planétarium Quasar pour conduire des milliers de visiteurs, de la Terre aux étoiles, pour les ramener sur Terre comme poussière d’étoiles et «miracle évolutif de l’univers». C’était toujours le contact interpersonnel qu’il privilégiait.

«Au mois de mars dernier, plus d’expositions tangibles ni de rencontres personnelles dans ma bulle cosmique; c’était la fin des contacts, pour ainsi dire, la fin de mon monde».

Pour pallier au manque de contacts interpersonnels, il s’est tourné vers les conférences et les études cosmologiques. «La conférence « La Vie Quantique » que j’ai mise sur YouTube n’est pas vraiment dynamique, bien qu’elle démontre l’essentiel d’une recherche à la fois ontologique et métaphysique de 40 ans d’astronomie, de cosmologie et de physique quantique. Toutefois la conférence, elle, présentée à 15 auditeurs intéressés, en avril 2019, était encore un contact direct».

Oeuvre de Pierre Bureau

Poursuivant cette réflexion sur le confinement dû à la pandémie, plusieurs questions sont venues le hanter.

«Est-elle bien réelle? Ou était-ce une révélation de l’inadéquation de notre système de santé à faire face à un événement «naturel»? Peut-on pallier à de tels événements avec une vision à court terme, comme nous offre celle de nos dirigeants et de nos médias? N’est-ce pas une focalisation sur la peur de l’inconnu? Sur la peur de la mort?»

Ces questions l’ont fait réfléchir sur son rapport avec la maladie et la mort.

Ce n’était pas tant de mourir entouré d’une centaine de pastels qui le dérangeait, mais c’était surtout de n’avoir personne avec qui partager sa vision «pastellisée» de l’univers. L’artiste a continué de créer «puisque l’action de création est un acte permanent». L’univers lui a enseigné cela, comme une constante universelle, «pour agir et reprendre le contact avec le monde».

Pour l’heure, l’artiste est toujours en manque de relations interpersonnelles. «Je me suis rebranché à la nature par mon côté cueilleur de bleuets. Pendant l’été, pendant des semaines, à raison de deux heures par jour, avec un petit cardio à bicyclette pour y arriver, je peux témoigner de l’efficacité de ce contact profond que j’ai eu avec la Nature».

Oeuvre de Pierre Bureau

Pierre Bureau confirme que nous sommes tous interconnectés avec la Nature et quand ça ne va pas, le meilleur remède est de se ressourcer auprès d’elle.

Pour lui, c’était ce mot d’ordre: «Quand ça ne va pas, vas dans le bois!» Pour d’autres, c’était la mer, le désert, la montagne.

Ces artistes qui ont témoigné de leur expérience ont chacun vécu, à leur manière, les effets de la pandémie dans leur pratique artistique. Néanmoins, une constante ressort: ils se sont adaptés. L’adaptation a été nécessaire pour survivre aux effets les moins positifs du confinement. Cette adaptation – peut-on parler d’un éveil? – ne s’est pas faite du jour au lendemain. Or, dans tous les cas, l’art était bien présent dans leur vie pour les aider à garder le cap face au changement soudain de paradigme.

PIERRE BUREAU SUR INTERNET: son dossier d’artiste

LA CHRONIQUE HEBDOMADAIRE DE L’AUTOMNE
EXCLUSIVE À HEART

 

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