Par HeleneCaroline Fournier
Steeve Lechasseur est né à St-Elzéar, en Gaspésie (Canada), en 1967. Il débute la peinture en 1989. Très près de la forêt et des espaces verdoyants, l’artiste puise son inspiration dans les images de son enfance passée près de la nature. Après avoir visité le Musée des Beaux-Arts de Montréal qui présentait une exposition de Salvador Dali, Steeve Lechasseur, fortement impressionné par la force de ce maître, va se mettre à peindre des oeuvres très originales. Il comprend que la peinture ouvre des possibilités infinies où les seules limites résident dans l’artiste lui-même. Sa quête artistique se poursuit dans une recherche et un travail sur lui. Il se perfectionne auprès d’artistes déjà établis ainsi qu’au Cégep. Le Surréalisme, toujours présent dans ses oeuvres, se rapproche de l’art naïf par la simplicité des formes et la vivacité de ses couleurs. Un style naît, dérivé du pointillisme. Ce style est baptisé « héliocentrisme ». Son objectif est de favoriser l’inspiration artistique créatrice tout en cueillant l’inattendu. L’image apparaît progressivement sur la toile vierge, des éléments tels que : le poisson, le drapeau, la sphère, l’arbre, l’eau, la femme, le ballon, l’oiseau, etc. ont tous une signification particulière pour l’artiste qui exprime purement et simplement ce qu’il ressent, captant le moment présent en le fixant sur toile. Maniant le rêve comme d’autres manient la plume, il écrit une histoire symbolique qui pousse le public à l’étonnement, à la réflexion et même à l’admiration. Jouant adroitement avec les couleurs vives, il utilise leurs contrastes pour modeler la forme et mettre en évidence la lumière pour donner une impression de réalité, dans la mesure où le rêve est cette réalité. Ses expositions personnelles et collectives se succèdent depuis 1991 et il est maintenant dans plusieurs galeries d’art du Québec et on le retrouve occasionnellement au Salon des Arts des Bois-Francs qui se tient annuellement à Victoriaville (au Canada). Etre artiste, pour Steeve Lechasseur, c’est pratiquer un art de façon régulière : « Il apprend à connaître sa nature essentielle qui rejoint celle des autres. Il est dans une démarche de croissance et d’évolution. C’est un pionnier qui explore des zones inexplorées de la psyché humaine et qui permet à d’autres de les saisir ». C’est donc un créateur d’unité et d’harmonie, un être en quête de quelque chose qui est plus beau, plus grand, plus vrai que la réalité purement physique. C’est également un mode de vie, une vocation, un métier et une manière d’être. C’est un mode de vie par la pratique de l’art, ce qui entraîne nécessairement des conséquences sur sa façon de vivre. « Mais choisir un mode de vie artiste, ne fait pas de nous un artiste », nous explique l’artiste dans une entrevue. « C’est une vocation dans le mesure où cela demande d’abord d’avoir un certain talent et de consentir à le développer avec tout ce que cela implique ». Steeve Lechasseur ne cherche pas à être perçu comme un artiste « je crois que cela devient évident pour n’importe quel artiste intègre qui possède l’amour de la création. Rêver d’être artiste peut s’avérer être un point de départ, mais cela ne suffit pas si on reste accroché à l’étiquette sociale ». Mais où se situe l’artiste d’aujourd’hui dans la société actuelle ? Dans sa sagesse – qui semble sortir de la bouche d’un grand philosophe – Steeve Lechasseur entrevoit avec une grande humilité que « l’artiste occupe la place de précurseur, d’agent de transformation sociale. Il a pour vocation noble d’élargir le champ de la réalité connue. Il pousse toujours les limites un peu plus loin. C’est la place qu’il a toujours occupé ». Or, le problème est que « les artistes sont souvent perçus comme de simples amuseurs publics » entre festivals et symposiums (au Québec, du moins). Il n’y a pas de place pour le rêve…
Malgré cela, Steeve Lechasseur trouve un sens à sa vie en étant artiste. C’est une activité essentielle qui l’aide à vivre dans une société qui a perdu ses artistes de vue. « C’est la voie de la connaissance de soi », dit-il avant de continuer sur la thérapie que lui apporte la peinture. « Ce sont des toiles qui me permettent de libérer certaines émotions négatives pour ensuite passer à autre chose. Ainsi, périodiquement, je réalise des tableaux charnières qui marquent un changement dans ma création ». Peindre, c’est une façon d’aller plus loin, « c’est un peu comme fabriquer des artefacts » bien réels qui permettent à la pensée d’aller plus loin dans sa course. Steeve Lechasseur allie volontiers le verbe « penser » à l’acte de « peindre l’invisible », comme une réalité qui permet de s’actualiser face à la société dans laquelle il vit au quotidien. Artiste surréaliste et instigateur du mouvement que l’on appelle aujourd’hui « héliocentrisme », Steeve Lechasseur, avec sa vision optimiste, a établi son identité par une forme unique d’expression ; un mouvement qui lui est propre. Sa technique est au service de son inspiration dans laquelle il cherche à affermir sa vision du monde qui l’entoure. Son double style est coloré et tourné vers l’espoir et la joie de la réalisation. La clé de son succès réside dans sa foi, sa foi en lui-même et en son potentiel. C’est aussi l’amour de la création qui marque ainsi l’Héliocentrisme, ce mouvement distinctif tourné vers le soleil, vers le symbole de la Vie. Comme le dit si bien l’artiste, un vrai artiste n’a pas besoin de revendiquer son statut. Son travail témoigne de son cheminement. Il cherche à avancer et il évolue sur des sentiers inconnus. Steeve Lechasseur ose être lui-même à travers ses oeuvres et c’est là la marque de son génie artistique.
Lire l’article de la revue L’ArtZoomeur (Dossier: Les artistes d’aujourd’hui) en pdf