Par HeleneCaroline Fournier
Une exposition de Jocelyn Blouin présentée à L’espace contemporain galerie d’art, située au 313 rue Saint-Jean, Québec (Québec-Canada) du 1er au 12 octobre 2008. Cette exposition met en lumière une série de toiles dans lesquelles le public plonge et s’accroche aux petits détails qui permettent d’apprécier tout le génie de cet artiste contemporain. Après une période plus « arboricole », voilà 5 ou 6 ans que Jocelyn Blouin exploite avec brio un sujet très peu exprimé en peinture: les immeubles, les édifices, les parties de buildings, les fenêtres placées dans l’ombre et la lumière, les rues de villes désertées, les toitures colorées, les façades bariolées de couleurs improbables… L’artiste choisit un sujet, l’exploitant jusqu’à l’épuisement. Ceci dit, son actuelle période « urbaine » risque de ne pas s’épuiser de sitôt puisque l’artiste se sent confortable dans son environnement de villes aux perspectives dynamiques. On assiste même à une évolution depuis ses premières toiles d’édifices. On remarque un changement dans ses couleurs et dans ses dimensions; Jocelyn Blouin s’amuse avec les petits formats et s’éclate avec les grands formats de toile. Timide, il n’est pas homme à se livrer facilement par la parole. Il se contente de peindre, mais se rattrape avec ses coups de pinceaux qui valent tout un discours. Il laisse les gens interpréter librement ses oeuvres, à leur inventer une histoire ou un contexte social. A l’occasion, l’artiste livre au public curieux quelques explications quant à sa démarche et aux étapes qui préparent l’oeuvre achevée. « Une image apparaît et rapidement je la prends en note à l’aide d’un gribouillis. Plus tard, je la précise au crayon sur du papier. Une fois bien composée et définie je la transpose sur la toile. J’applique alors un très rapide jet de peinture afin d’y insuffler une première ambiance le plus spontanément possible. Une fois ce premier jet séché, j’agis tranquillement sur la toile jusqu’à ce que l’image m’apparaisse habitable ». Quand l’oeuvre n’est pas habitable, il n’hésite pas à repasser une couche de peinture pour supprimer les éléments qui ne cadrent pas avec ce qu’il veut exprimer. Tel l’architecte dont la fonction est de concevoir et de diriger la réalisation d’une oeuvre d’achitecture, Jocelyn Blouin définit, quant à lui, les conventions de l’architecture et de l’urbanisme contemporain pictural dans une composition souvent dense et profonde. La géométrie omniprésente dans ses oeuvres n’est que le plan du créateur suivant lequel les édifices sont construits, mais ce qui donne toute la puissance de l’oeuvre est l’adroit jeu d’ombre et de lumière aux accents dramatiques ou joyeux. L’absence de personnage n’est qu’accidentelle puisque son point de vue, souvent depuis le toit d’un autre bâtiment, ne permet pas de les entrevoir. On ne peut que les imaginer. D’un autre côté, l’absence de personnage permet une intemporalité rassurante. Ses oeuvres passeront à travers le temps sans vieillir. L’étonnant triptyque présenté dans cette exposition est l’oeuvre-clé de l’exposition « Par-delà les fenêtres ». Lors du vernissage du 1er octobre 2008, plusieurs personnes s’étaient déplacées dont des artistes de la ville de Québec et des amateurs d’art.
Article tiré de la revue L’ArtZoomeur (Dossier: Critiques d’art) vol. 1