CHRONIQUE « PÉRÉGRINATIONS D’HELENECAROLINE »
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Le 26 septembre, à la Beaverbrook Art Gallery à Fredericton, avait lieu la cérémonie de la remise du Prix Strathbutler 2019 et du Prix Nel Oudemans 2019, respectivement décerné à l’artiste Bruce Gray et Ralph Simpson.
Une foule dense avait envahi les lieux, dès 17 heures, pour ne rien manquer de cette cérémonie très importante dans le monde des arts visuels de la province. Les représentants de la Fondation Sheila Hugh Mackay étaient extrêmement fiers de présenter le 25e récipiendaire du Prix Strathbutler, une reconnaissance biennale qui célèbre les arts visuels au Nouveau-Brunswick. Chaque artiste qui reçoit cette haute distinction est choisi par un jury indépendant composé de professionnels de l’art. Parallèlement, chaque année, la Fondation Sheila Hugh Mackay reconnaît l’excellence d’une(e) artiste émergent(e) du Nouveau-Brunswick dans le domaine de l’artisanat et du design avec le Prix Nel Oudemans qui vient avec une bourse de 2000 $ et d’autres avantages financiers pour son récipiendaire.
Les artistes récipiendaires 2019 de la Fondation Sheila Hugh Mackay
Bruce Gray est un artiste, un ingénieur et un défenseur de l’environnement. Il a mené une carrière qui a fusionné curiosité intellectuelle, expertise technique et énergie créatrice. Titulaire d’un Baccalauréat ès arts et d’une Maîtrise en génie des Universités du Colorado et de l’État de Washington, il est arrivé au Canada il y a 30 ans. Son parcours, très particulier, et son importante contribution au développement de la culture de la province du Nouveau-Brunswick lui ont permis d’être en lice pour le Prix Strathbutler 2019 et, finalement, d’en être le digne récipiendaire.
Quant à Ralph Simpson, il est un artiste de la relève qui vit à Fredericton. Titulaire d’un Baccalauréat en sciences écologiques de l’Université de Dalhousie et d’une Maîtrise ès sciences en pathologie forestière de l’Université du Nouveau-Brunswick, il a mené une carrière de biologiste en recherche forestière auprès du gouvernement du Canada. A sa retraite, il a pu laisser libre cours à son énergie créatrice en intégrant le programme des arts visuels autochtones du New-Brunswick College of Craft and Design. A l’issue de ses études, il a reçu la médaille académique du Gouverneur général pour avoir obtenu les meilleurs résultats de sa promotion. C’était en 2016. Son travail d’excellence lui a valu la bourse d’études Gwen Bear.
Il est le parfait exemple de la détermination et du développement artistique qui, même en deuxième carrière (et en très peu de temps), peut révéler un talent reconnu comme exceptionnel.
Les autres rendez-vous
Suite à la cérémonie, il ne fallait pas manquer le rendez-vous de Gillian Dykeman, une artiste multidisciplinaire qui faisait une conférence sur son projet de résidence.
Le soir suivant, le 27 septembre, avait lieu l’ouverture officielle de deux expositions. La première:« Ned Pratt. One Wave » (« Ned Pratt. Une vague ») et la deuxième: « Living Lightly on the Earth. Building an Ark for Prince Edward Island, 1974-76 » (« Fouler la terre d’un pas léger. La construction d’une arche pour l’Ile-du-Prince-Edouard, 1974-76 »).
L’exposition de Ned Pratt, fils de Mary Pratt et de Christopher Pratt, deux célèbres artistes canadiens, est à l’image de la famille Pratt. On y voit clairement l’influence de Christopher Pratt dans l’esthétique des photographies de son fils. Une exposition particulièrement intéressante pour l’espace qu’on y trouve.
L’après-midi suivant, le 28 septembre, avait lieu une causerie et visite guidée avec Ned Pratt. C’était l’occasion de rencontrer une deuxième fois l’artiste en chair et en os et de discuter avec lui des 35 oeuvres photographiques de grand format de son exposition rétrospective. « Ned Pratt. One Wave » est une exposition qui représente 10 ans de photographie des paysages de Terre-Neuve. L’artiste qui a discuté de sa démarche artistique, de la beauté et de sa relation avec cette terre qu’il nous fait découvrir à travers son regard, a expliqué qu’il recherchait des moments calmes dans un endroit réputé pour ses vents. A travers son travail, il accentue certains objets, distille les caractéristiques d’un lieu en des compositions élégantes tout en formes et en couleurs, dérange la profondeur par des gros plans tout en insérant poteaux et fils électriques qui pourraient être banals s’il n’y avait pas le génie de la composition pour transmuer le plomb en or. Il élimine les distractions par une pureté de composition pour créer des expériences visuelles qui possèdent en elles un rythme et une poésie. « Mes images sont quelque peu autobiographiques en ce sens qu’elles traitent souvent de ma quête pour me tailler une place dans un monde visuel, mais aussi du plaisir de regarder les choses », explique l’artiste. « De part leur nature, je crois que les photographies, portraits ou paysages, se doivent d’être respectueuses de la réalité ».
L’impression de tranquillité de ses images provient d’une composition bien structurée, géométrique. Cette composition (tout-à-fait spéciale), avec un point de fuite vague, crée une quiétude et un sentiment d’espace (et non de vide). Le mouvement est souvent arrêté au point culminant de son énergie, immortalisé dans une immobilité apparente qu’on sait éphémère en réalité.
La Beaverbrook Art Gallery qui vient tout juste de célébrer ses 60 ans d’existence, présente également de nouvelles expositions qui ont débuté le 5 août dernier. « Acadian Celebration. Congrès Mondial Acadien 2019 » et « Alex Colville. On a River » qui est l’oeuvre d’Alex Colville accompagnée de 14 dessins préparatoires.
Pour qui connaît un tant soit peu l’histoire des peintres Alex Colville et Christopher Pratt, on boucle quelque chose de symboliquement fort entre l’oeuvre solitaire de Colville et les photographies qui sont exposées dans la salle voisine. « On a River » et « One Wave » se font définitivement échos dans leur narration propre.
D’autres expositions sont à venir d’ici la fin de l’année.
Pour connaître toute la programmation à venir, consultez le site du musée: http://beaverbrookartgallery.org/fr/
Cette fois-ci, mes pérégrinations m’ont menée très loin de chez moi, mais je ne pouvais pas rater l’occasion de prendre part à la cérémonie de remise des Prix 2019 de la Fondation Sheila Hugh Mackay, de rencontrer Ned Pratt et de retourner à la Beaverbrook Art Gallery, un musée des beaux-arts que j’apprécie tout particulièrement.
Adoptez un musée, c’est tellement plus enrichissant, culturellement parlant !