Par HeleneCaroline Fournier
En 2007 s’est imposé le choix et la nécessité de prendre, au sein du Collectif International d’Artistes Art Zoom (CIAAZ), des artistes en début de carrière ayant un fort potentiel d’avenir. Deux de ces artistes sont Dominic et Sylvain Tapin, ayant fait leur début ensemble en 2006, dans des duos facilement explicables du fait que ce sont deux frères. Leur parcours les conduit au Cégep de Ste-Foy où ils en ressortent chacun avec un DEC en arts plastiques. Pour Dominic Tapin, c’est par admiration, non par influence, pour Picasso et HR Giger qu’il passe du dessin à la peinture. L’acrylique s’impose à lui par sa rapidité de séchage. Quatre étapes composent ses créations, dont la présence musicale est indissociable. Il recherche l’équilibre des couleurs dominantes avec un jeu d’ombres et de lumières. Ses oeuvres sont la transcription d’une liberté créatrice née d’un besoin d’expression et d’évasion. La peinture fait partie intégrante de sa personnalité, au même titre que la musique et le sport (le hockey plus particulièrement). Pour Sylvain Tapin, c’est par conviction, par le désir et la volonté d’aller plus loin et, éventuellement d’en vivre, qui poussent l’artiste à s’investir totalement dans sa passion. Suivant son instinct créateur, sa gestuelle naturelle parvient à créer le « projet conceptuel » qu’il a en tête. Dans sa recherche pour composer son tableau, on retrouve le croisement d’un imaginaire coloré et naïf, face à une certaine volonté géométrique. C’est d’ailleurs ce qui motive Sylvain Tapin à accentuer son trait distinctif, que l’on reconnaît aisément, avec empâtement et superposition, apportant ainsi un aspect de profondeur et de mouvement. Tous deux ont expérimenté des médiums différents, mais c’est la peinture qui s’impose naturellement; « comme une évidence » affirmera Sylvain. C’était également une évidence pour le CIAAZ de permettre à ces deux jeunes artistes de rejoindre les rangs du Collectif et de leur offrir la chance de se développer et de se faire reconnaître par leurs pairs. Ils ont donc exposé avec le CIAAZ dès leur première année d’adhésion, récoltant au passage un peu plus d’expérience. C’est La Grande Exposition Internationale d’Art Zoom, en 2008, qui leur permet, pour la première fois, de vraiment se mesurer aux artistes professionnels établis, pour la plupart de niveau international et ayant parfois jusqu’à vingt ans de carrière derrière eux. C’est une sorte d’épreuve de passage pour ces jeunes artistes qui peuvent échanger et apprendre des « vieux ». Cette exposition est d’une importance capitale, autant pour ces artistes qui ont exposé sur un même pied d’égalité, aux côtés d’artistes établis, mais également pour le Collectif International d’Artistes Art Zoom (le CIAAZ) qui a prouvé aux sceptiques que les artistes de la relève ont véritablement leur place dans de grandes expositions et ce, même à Québec.
Début de carrière: parcours du combattant ?
Pour plusieurs artistes, le début de carrière est une période d’essai – les plus déterminés d’entre eux continueront d’exposer, à faire des symposiums s’ils sont au Québec, sinon à participer à des expositions collectives ou personnelles dans des lieux publics ou dans des festivals, à trouver des galeries qui les prendront à l’essai et/ou qui leur feront payer leurs expositions tant d’euros ou de dollars du mètre linéaire de surface exposable. Les plus chanceux d’entre eux trouveront rapidement des gens pour leur ouvrir des portes et qui leur permettront d’aller plus loin, dans un environnement plus respectueux des artistes (tels que les salons d’art, les musées et les salles de vente publique, par exemple). Une attitude déterminée, optimiste, passionnée et gagnante, c’est beaucoup plus motivant qu’une attitude pessimiste, défaitiste et déplaisante pour ceux qui peuvent les conseiller et les orienter de façon professionnelle. Bizarrement, peu d’artistes en début de carrière ont la patience de préparer leur réussite professionnelle. Peu d’entre eux écoutent vraiment les conseils des professionnels qui travaillent justement à les « mettre en selle ». Pour eux, ils sont persuadés d’être les meilleurs et veulent la reconnaissance instantanément, allant jusqu’à acheter de leur propre chef de la publicité dans les journaux et les revues spécialisées pour se faire valoir en tant qu’artiste reconnu, alors qu’ils n’ont même pas dix expositions personnelles à leur actif – mais on ne peut pas les blâmer car, aujourd’hui, le métier d’artiste peintre coûte cher. A chaque fois qu’on voit un artiste en train de peindre en public ou un artiste qui expose dans un symposium (même s’il ne peint pas en public), dans 99 % des cas, c’est que l’artiste a payé son droit de prestation, de présence ou d’accrochage. Rares sont les endroits qui ne font pas payer les artistes pour exposer et encore plus rares sont les endroits qui paient les artistes pour leur prestation publique ou pour exposer en leurs murs. Résultat : un artiste qui débute doit avoir un solide boulot qui assure ses arrières afin de pouvoir payer son matériel, ses affiliations professionnelles, ses nombreuses expositions, ses frais d’encadrement, etc. Seuls ceux qui sont les plus déterminés, convaincus de leur vocation d’artiste et les plus soutenus (autant moralement que financièrement), peuvent aller au-delà de cette misérable période d’essai qu’on peut qualifier de « début de carrière ». Il est donc important pour ces artistes, ceux qu’on appelle aujourd’hui, « les artistes de la relève », de sentir un soutien moral et logistique derrière eux par des organismes, des associations, des collectifs d’artistes, des mécènes, etc. afin de leur faciliter la vie au moment où ils en ont le plus besoin. C’est un devoir que nous avons tous envers ces jeunes passionnés qui drainent une inépuisable énergie créatrice et qui possèdent encore le feu sacré en eux, car en bout de ligne, que sera l’art de demain s’il n’y a plus d’artistes de la relève aujourd’hui ?
Lire l’article de la revue L’ArtZoomeur (Dossier: Les artistes d’aujourd’hui) en pdf