Erik Bonnet, comment avez-vous vécu votre confinement au niveau de votre pratique artistique ?

Erik Bonnet est un artiste de Moselle (France), qui a étudié à l’École d’art contemporain de Luxembourg, après avoir fait un BAC en littérature. Depuis 1990, il travaille comme plasticien professionnel, mixeur de formes, de textures et d’objets. Il utilise divers matériaux et divers médiums pour ses collages. Il s’est fait connaître en Europe par ses nombreu­ses présences dans les salons internationaux et les foires internationales d’art contemporain. L’artiste s’est toujours intéressé à la culture populaire issue du cinéma, de la télévision et de la bande dessinée. En plus du Pop Art, Erik Bonnet est également influencé par le Street Art – ou l’art urbain – mouvement artistique contemporain qui regroupe plusieurs formes d’art réalisées dans la rue ou dans des endroits publics. Les personnages qu’il a créés sont souvent sortis de leur contexte d’origine. Avec des poses provocantes, des décors oniriques, voire surréalistes, Erik Bonnet, a su créer un univers propre à lui, empreint d’humour et de provocation.

Oeuvre d’Erik Bonnet, Bleu Sibérien

Cette période pandémique de mars et avril 2020, l’artiste l’a vécue comme personne. Il était en zone rouge. Le Grand Est (une région qui englobe l’Alsace, la Champagne-Ardenne et la Lorraine compte plus de 5,5 millions d’habitants) était l’une des régions de France les plus touchées par la COVID-19. « Dès les premiers malades, les hôpitaux étaient déjà saturés. Je savais qu’il allait se passer quelque chose ! ». L’artiste pose un regard grave sur cette pandémie qui avait fait, au moment de la rédaction de cet article, plus de 30 000 décès en France. Les mesures strictes de confinement sont arrivées rapidement, obligeant la population à rester chez elle. Les sorties n’étaient autorisées qu’avec une attestation de déplacement accompagnée néanmoins de nombreuses conditions à respecter. Les amendes se sont mises en place pour faire respecter l’état d’urgence sanitaire. Contrairement à d’autres pays de l’UE, la France accumulait un grand nombre de cas testés positifs et de décès. Dans la région, c’était malheureusement l’hécatombe, au-delà de ce qu’on aurait pu imaginer. «Heureusement pour moi, j’habite une maison avec jardin et mon atelier est au rez-de-chaus­sée, ce qui fait que cette période a été moins compliquée à gérer pour moi que pour d’autres ». En effet, d’autres Mosellans n’ont pas eu autant d’espace de confinement pour tourner en rond.

Oeuvre d’Erik Bonnet, The Nurse Who Saves The World

Par un heureux concours de circonstances, « j’avais eu la chance de faire une grosse commande de matériel beaux-arts juste avant ! », explique l’artiste qui, malgré tout, a su s’adapter et évoluer dans ce confinement imposé. « Les premiers temps, le flux d’infos liées à la pandémie a tué toute espèce d’inspiration ». Il a vécu une sorte de blocage émotionnel et mental. « Du coup, en plus de ranger mon atelier, qui en avait bien besoin, j’ai continué à lire, à regarder des films, à écouter de la musique… bref tout ce qui me booste en temps normal ». Tout doucement, au fil du temps, l’inspiration est revenue. «Les idées se bousculaient et, même devant ce qui se passait et qui tournait en boucle aux infos, je me suis vu inspiré presque plus que d’habitude ». Le bon côté des choses en tant qu’artiste: il n’était plus dérangé par les visites à la maison, par le téléphone, par le bruit ambiant qui avait beaucoup diminué dans les rues. C’est grâce à ce « calme olympien » qu’il a ainsi pu travailler sur des projets jamais aboutis ou laissés de côté. Certaines œuvres ont été radicalement transformées et de nouvelles créations sont sorties ayant un rapport direct avec la situation. D’ailleurs, l’une de ses œuvres (The Nurse Who Saves The World) a été publiée le 23 avril dernier, dans le journal Le Républicain Lorrain, édition Metz-Thionville-Brey, en hommage aux infirmières qui ont contribué à sauver le monde en période de pandémie.

Les artistes ont cette faculté de renaître .

Erik Bonnet souligne bien cette faculté de faire face au quotidien, quel qu’il soit, de vivre la liberté de créer tel un besoin semblable à celui de respirer. « J’en ai eu la preuve tous les jours pendant cette brève « pause » de la vie ».

Le seul bémol est que maintenant que son atelier est trop bien rangé, il ne retrouve plus rien. « C’est pire qu’avant ! », dit-il avec l’humour qui le caractérise et qui n’est décidément pas mort avec le confinement.

ERIK BONNET SUR INTERNET: son dossier d’artiste

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Dossier spécial: Artistes, comment avez-vous vécu votre confinement au niveau de votre pratique artistique?

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