Ginette Ash est une artiste originaire de Rouyn-Noranda qui vit à Lévis. Le dessin a très tôt fait partie de sa vie. Dès l’enfance, elle s’est intéressée à la peinture à l’huile. A l’adolescence, elle voulait devenir artiste peintre. Pour faire plaisir à ses parents, qui souhaitaient une profession plus stable, elle a choisi un autre métier. Elle a étudié en arts plastiques à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) pour devenir enseignante en arts plastiques. En 1975, détentrice d’un baccalauréat en arts plastiques et en pédagogie, elle a commencé à enseigner les arts tout en demeurant active sur la scène régionale à partir de 1978. Après 34 ans de loyaux services et d’amour de la profession d’enseignante, elle prend sa retraite à cause de problèmes de santé. Elle se met alors à peindre à temps plein. Tout au long de sa carrière, elle s’est inscrite à des cours d’huile, d’acrylique, d’aquarelle sur papier et tissu, de peinture sur bois, etc. De fil en aiguille, elle s’est inscrite à des associations et regroupements artistiques professionnels et a reçu de nombreux prix et distinctions pour son travail.
A quel point l’environnement social influence-t-il la pratique de l’artiste (au niveau du choix des sujets traités, des médiums utilisés, des couleurs, du support, etc.) ? A quel point le lieu physique (l’atelier ou le plein-air) influence-t-il la qualité du travail de l’artiste ? (Par exemple: Si vous étiez dans un lieu non-habituel, sans radio, sans télévision, sans Internet, loin de vos repères habituels, pensez-vous que vous pourriez faire le même travail ou un meilleur travail ?)
L’artiste prend pour exemple la pandémie qui a eu un impact sur la situation des artistes en arts visuels. « Il y a beaucoup d’inquiétude et d’angoisse chez les artistes. Je peux dire que je m’inclus dans cette situation. La plupart ont vu leurs engagements et projets fondre comme neige au soleil ». Selon l’avis de Ginette Ash, les artistes regrettent l’absence de contact humain. « La distanciation sociale m’a forcé à me divertir autrement, à faire des remises en question, à visionner des vidéos d’artistes sur le web et à regarder des livres d’art pour explorer de nouvelles avenues et a même influencé mon processus créatif ».
La fermeture permanente, temporaire ou ponctuelle de plusieurs lieux de diffusion en arts visuels (musées, galeries, centres d’art, maisons de la culture, etc.) a eu un impact considérable dans la vie des artistes, mais également des amateurs d’art et des collectionneurs. Lors des ré-ouvertures ponctuelles, la donne avait changé. La crainte des variants, la distanciation sociale, le nombre limité de gens dans une même salle, les heures de visite modifiées en fonction des impératifs sanitaires, le port obligatoire du masque, etc. n’ont pas réussi à convaincre les gens de retourner derechef dans les lieux de diffusion comme avant. Après avoir été confinés chez eux pendant des mois, avec un couvre-feu de près de 6 mois, c’est l’arrivée du beau temps qui a fait sortir les gens. Ils ont boudé les espaces intérieurs pour un divertissement en extérieur.
« Personnellement, je considère peu équitables les mesures imposées aux artistes qui ont préparé une exposition pendant des mois et qui ne pourront finalement pas présenter leur travail en public. L’impact économique sera lourd pour les acteurs du milieu des arts. La fermeture des lieux artistiques a engendré des annulations d’expositions et d’autres projets artistiques. Cela aura comme conséquence de plonger une nouvelle fois les artistes et les travailleurs du secteur culturel dans la précarité et dans l’incertitude face à leur avenir. Les artistes en arts visuels vont encore une fois devoir se battre pour vivre de leur art ».
Il y a également un impact psychologique. Les associations professionnelles qui offrent des services et proposent des évènements artistiques à leurs membres sont nécessaires pour maintenir un soutien humain, un soutien psychologique, et maintenir une saine énergie créatrice. Ils font souvent le pont entre les artistes et les amateurs d’art, voire les collectionneurs. Qu’ils soient petits ou grands, les collectifs, les regroupements, les associations d’artistes en arts visuels se sont vus couper de la proximité qu’ils avaient d’avec leurs membres à cause de la pandémie COVID-19. De nombreux projets sont tombés à l’eau emportant avec eux l’énergie, les efforts, les espoirs des artistes qui devaient normalement y participer.
« Les lieux de diffusion de la culture sont essentiels car ils permettent de se rencontrer, de s’évader et de s’épanouir dans l’art. Pour ma part, le fait de me joindre à plusieurs associations artistiques m’a permis de rencontrer des artistes, d’échanger avec eux et de m’ouvrir des portes pour exposer ». En réaction à la crise pandémique, de nombreux établissements ont mis des ressources en ligne. « Le Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ) a proposé des visites virtuelles de ses salles. Je pense à la magnifique exposition de Turner que l’on pouvait admirer virtuellement », mais cela ne remplace pas le « vrai », le tangible, l’expérience esthétique d’être mis en présence des oeuvres véritables d’un(e) artiste. « Il en va de même pour plusieurs institutions qui ont mis sur pied de nouvelles initiatives pour offrir des plateformes aux artistes, de bonifier leur présence virtuelle, dont les réseaux sociaux (Facebook, Instagram). Certaines galeries proposent à leurs clients des rencontres via FaceTime, alors que d’autres aident les artistes sur des plateformes de vente comme Artsy. De son côté, le Conseil des arts du Québec a mis en place un fonds monétaire pour venir en aide aux artistes ».
Certes, des efforts ont été faits en réaction à une situation que nous espérons temporaire. Or, quand un(e) artiste perd son inspiration, perd le goût de créer, la joie de vivre, que pouvons-nous faire pour remédier à la situation ? Offrir une rencontre FaceTime pour lui dire que ça va bien aller ? Cela semble assez utopique de penser que d’autres plateformes virtuelles pourront régler le problème qui vient, en partie, du fait de la distanciation sociale. L’effet domino dans un milieu aussi précaire que celui des arts visuels, déjà malmené par le gouvernement qui ne se soucie guère des artistes et artisans, est grandement sous-estimé. Quand un(e) artiste en est réduit(e) à exprimer ses élans artistiques sur des masques en tissus, pour vendre son art, c’est que l’environnement social a grandement influencé la pratique de l’artiste.
SUR INTERNET
www.artzoom.org/ginetteash