Chantale Guy, alias Chaguy, est une artiste peintre de Saint-Prime (au Saguenay-Lac-St-Jean) qui a fait carrière au gouvernement pendant 39 ans, tout en préparant doucement sa retraite. En 1995, elle débute sa passion pour l’art qui, au fur et à mesure, prend de plus en plus de place dans sa vie. En 1998, elle obtient un DEC en arts et lettres au Cégep de Saint-Félicien et débute les expositions en 2004. Au début de sa deuxième grande carrière, l’artiste peignait surtout des animaux et des paysages. Au fil du temps, des personnages sont apparus, apportant avec eux, une autre dimension à son travail. La joie de vivre, le rapport entre les individus et le rapport entre l’humain et la nature sont ses thèmes de prédilection. L’interaction des uns et des autres, envers les uns et les autres, est le principal courant humaniste qui porte l’artiste vers une source d’inspiration inépuisable qui a donné lieu à de nombreuses expérimentations de styles, toujours dans des couleurs très vives.
A quel point l’environnement social influence-t-il la pratique de l’artiste (au niveau du choix des sujets traités, des médiums utilisés, des couleurs, du support, etc.) ? A quel point le lieu physique (l’atelier ou le plein-air) influence-t-il la qualité du travail de l’artiste ? (Par exemple: Si vous étiez dans un lieu non-habituel, sans radio, sans télévision, sans Internet, loin de vos repères habituels, pensez-vous que vous pourriez faire le même travail ou un meilleur travail ?)
L’artiste Chaguy est directement influencée par son milieu social. «Mon environnement me sécurise», explique-t-elle. La pandémie a eu un effet d’insécurité générale qui s’est répercuté dans son travail artistique du fait qu’elle a été éloignée un long moment de son milieu social habituel. «Je me sens bien avec ceux qui partagent ma vie. Ma famille, mes enfants, mon mari, mes frères et soeurs sont proches de moi. Je me sens réconfortée par eux».
L’artiste a besoin de cette sécurité familiale pour s’épanouir totalement. «Ils ne saisissent pas toujours mon besoin de mettre des couleurs sur une toile, mais ils sont vraiment une nécessité dans ma vie personnelle et professionnelle». Chaguy peut très facilement s’isoler pour peindre, mais il lui faut des éléments extérieurs, comme sa famille, ses proches, les gens qu’elle aime, pour y arriver pleinement. Juste de savoir qu’elle peut désormais les revoir quand elle le souhaite est d’un grand soulagement.
«Dans mon monde artistique, le silence n’existe pas vraiment puisque j’habite sur une rue très passante. Je peux aussi me retirer quelques jours en forêt ou rien ne perturbe le silence sauf les oiseaux et les arbres qui craquent». Cet environnement est un cadre idéal pour ses peintures animalières. «Rien ne surpasse la nature réelle: eau, ciel, nature sauvage, lever et coucher de soleil, les animaux de la forêt…» tout cela influence sa peinture animalière ou de nature sauvage. «J’ai des limites humaines, mais je fais du mieux que je peux». Sa peinture est en effet le prolongement de sa vie intérieure. Ses couleurs sont vives car Chaguy a une personnalité vive et colorée. Il n’y a donc pas de demi-tons chez elle. Ses états d’âme se retrouvent dans ses toiles. Elles sont le miroir de son univers intérieur. «J’aime l’acrylique pour son côté rapidité de séchage quand je débute une toile». Le choix du médium est aussi révélateur de la personnalité spontanée de l’artiste qui aime mettre rapidement en forme une idée, un sujet ou une scène.
La pandémie et ses nombreuses restrictions ont néanmoins apporté des questionnements sur l’art et sur la vie en général. «L’isolement dans la forêt rend meilleur mon travail sur toile. Malheureusement, malgré mon expérience, je sens encore en moi des incertitudes». Or, il y a une grande différence entre « s’isoler » par décret gouvernemental et « s’isoler » de façon volontaire. Le questionnement chez l’artiste Chantale Guy (Chaguy) est aujourd’hui aussi profond que l’anxiété vécue par cette pandémie. «Tous les beaux environnements ne suffisent pas à me satisfaire et à me sentir sereine face à mes choix professionnels». Paysage, personnages ou scènes animalières ? «Je sens en moi des incertitudes. Je ne me sens plus à la hauteur. Que suis-je devenue ?»
L’artiste se pose la question en attendant l’ère post-covid-19 qui aura certainement un effet plus bénéfique sur son état d’âme et, donc, sur sa peinture.
SUR INTERNET
www.artzoom.org/chantaleguy