Par HeleneCaroline Fournier et Joëlle Akuesson
L’homme aux multiples talents
Ancien étudiant des Beaux-Arts d’Aix-en-Provence et de l’École Supérieure d’Art et d’Architecture de Luminy de Marseille, il est également co-fondateur de « Black Stock », magazine entièrement consacré à la cause du peuple noir immigré dans le Sud de la France. Clément Yao Akuesson poursuit inlassablement sa voie artistique qui le conduit, quelques années plus tard, à fonder une agence de communication. C’est de ce parcours hors du commun, qu’il sera surnommé l’homme aux multiples talents.
Clément Yao Akuesson, Béninois d’origine, a deux passions artistiques : la musique et la peinture. Ses deux passions l’ont accompagné toute sa vie durant et il n’est donc pas surprenant de les voir confondues entre elles. On perçoit des ondulations musicales sur ses toiles et le son envoûtant des tam-tams nous éclabousse de couleurs. Son oeuvre est empreinte de spirituel, tout comme la femme est l’essence même de sa vie ; on la retrouve d’ailleurs au fil de ses toiles, on la sent, on la palpe sur ses portraits, mais aussi sur les marchés aux calebasses. Clément Yao Akuesson nous raconte son opulence, sa générosité, sa sagesse, ses secrets et son mystère. Sa grand-mère, instigatrice de son oeuvre, est celle auprès de qui il trouve force et droiture ; sa grand-mère était Vaudounsi (épouse du Vaudoun) et prêtresse du temple. L’artiste a donc grandi dans ce contexte de vie où les choses du sacré se mêlent intimement au quotidien. Il nous raconte des histoires d’Afrique dans ses oeuvres avec tout ce que le continent possède de lumineux et d’enchanteur. Il nous ouvre la porte d’un monde de paix fait d’ocre et de saveurs pimentées. Par son éclatant réalisme, chaque toile recèle une intime communication avec la nature, un respect des formes et de la matière. Il tend ses toiles à la manière du fabricant de djembés avec ses peaux de chèvres sur le cercle de ses instruments. Il travaille les couleurs comme il mélange la terre pour la sculpter, il les applique de la même façon créant des formes, des reliefs qui donnent des sensations tactiles où les regarder nous conduit chez lui. Leur envergure n’est pas étrangère à cet appétit trop longtemps refoulé et c’est sans retenue qu’il libère les formes, fait éclater les couleurs et l’on sent en passant dans son atelier du vieux Bouc l’ardeur du soleil et cette odeur de sable chaud qui rend ses toiles incomparables.
L’atelier de Clément Yao Akuesson est situé en plein coeur de son quotidien, avec des petits pots de yogourt (yaourt) en guise de palette et des tabourets de différentes hauteurs selon ses besoins. La tranquillité et la musique sont des éléments qui contribuent à rendre son atmosphère de travail confortable. L’artiste peint toujours en intérieur, toujours au même endroit puisque le montage de ses toiles est tout à fait unique en son genre. La luminosité a une grande influence sur ses oeuvres, « ses travaux », comme il dit, puisqu’elle se retrouve peinte dans des couleurs chatoyantes. Cet atelier, ouvert au public sur rendez-vous seulement, est comparable à un havre de paix, un sanctuaire où la liberté est déesse ; c’est un lieu où l’artiste se retrouve avec lui-même. La peinture est comme la musique « c’est le reflet de l’âme et un langage universel ». Dans ses toiles, on y découvre l’espace et la non espace, le mouvement et l’immobilité. C’est une « conception » plutôt qu’une « création » dont le point de départ se situe dans l’idée, l’inspiration, et dont la technique est l’aboutissement. D’un point de vue philosophique, tout part d’un espace restreint : le cerveau… puis, du reste, « on en fait ce qu’on veut ». Quoi qu’il en soit, l’artiste a besoin d’espace pour s’exprimer, d’où les grands formats. Sa peinture n’est jamais terminée, du moins, jamais réellement. Il se force à poser son pinceau et à signer, décidant ainsi de sa conclusion…
Clément Yao Akuesson est décidément un artiste de talent dont le coeur est rythmé par l’art sous toutes ses formes.